Dans un courrier adressé à Madame Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et à Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, la Coordination Rurale (CR) a demandé l’annulation de la mise en place du plan pollinisateur qui révisera l’arrêté du 28 novembre 2003.

En quoi consiste ce plan ?

Lors de sa rencontre du lundi 14 décembre avec Madame Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, la CR a appris que ce plan s'appuie sur une recommandation de l'Anses du 23 novembre 2018 sur « l’évolution des dispositions réglementaires visant à protéger les abeilles domestiques et les insectes pollinisateurs sauvages ». Il serait prévu d’interdire tous les traitements phytosanitaires (insecticides, fongicides, éclaircissants, herbicides) pendant la période de floraison que ce soit en agriculture conventionnelle ou en agriculture biologique. Des dérogations sont prévues pour permettre leurs utilisations dans les trois heures après le coucher du soleil, éventuellement dans les cinq heures pour les surfaces importantes. Dans les zones dangereuses, il sera possible de commencer une heure avant le coucher du soleil. Ces dérogations concerneront uniquement les produits avec la mention abeille, donc uniquement les insecticides.

 

Les risques sont considérables pour la production française

Un tel plan aura de graves conséquences sur les productions végétales en France. En effet, afin de garantir les récoltes, des traitements doivent être effectués au moment de la floraison comme par exemple, la tavelure, les monilioses ou même l’éclaircissage en arboriculture. Des traitements doivent également être effectués lorsque la floraison est étalée comme dans les cultures maraîchères et légumières. Si aucun traitement n’est effectué, aucune récolte ne peut être garantie. Enfin, certaines cultures comme la vigne ne sont pas mellifères, les abeilles ne sont donc pas présentes au moment de la floraison. Empêcher les viticulteurs de travailler au moment de la floraison est donc un non-sens.

La CR se pose également la question du fondement scientifique de la mise en place des trois ou cinq heures après le coucher du soleil : sur quelle étude scientifique cela s’appuie-t-il ? Et puis, les agriculteurs devront-ils estimer librement la durée de traitement en fonction de leur exploitation ou cela sera-t-il imposé par l’administration ?

D’un point de vue technique, le délai dérogatoire pour les traitements est beaucoup trop court et insuffisant. Pour protéger l’ensemble des surfaces sur une exploitation, il faudrait considérablement augmenter le matériel de traitement et le personnel pouvant effectuer les traitements. De plus, tout le matériel n’est pas équipé pour les traitements de nuit, ce qui constitue un véritable risque pour l’applicateur. Par ailleurs, la pénibilité du travail de nuit doit être prise en considération. Et encore, c’est sans compter sur l’hostilité des riverains pour qui l’augmentation des traitements la nuit ne fera qu’accentuer les tensions éventuelles.

En plus des nombreuses impasses techniques, ces mesures seront prises uniquement en France, ce qui créera de fait une concurrence déloyale avec les autres pays de l’Union européenne. Alors que nous continuons d’importer des produits qui ne respectent pas nos normes, les agriculteurs français vont une nouvelle fois se trouver pénalisés et handicapés, sans solution pour garantir leur récolte.

La CR est, bien entendu, consciente que les abeilles doivent être protégées, mais il ne faut pas oublier que les produits phytosanitaires correctement appliqués ne sont pas responsables de la mortalité des abeilles. Maladies, alimentation, conditions climatiques, génétique, pratiques apicoles, frelon asiatique… sont autant de facteurs à prendre en compte pour expliquer la mortalité des abeilles.

 

Une publication sans débats

La publication précipitée de ce plan ne laisse pas place aux débats et aux discussions avec les différentes organisations agricoles dont la CR fait partie. Ainsi, la CR est opposée à toutes nouvelles mesures réglementaires strictes et totalement déconnectées du terrain qui vont accélérer la disparition d’exploitations agricoles.

C’est pourquoi la CR a demandé aux ministres de faire preuve de bon sens et de soutenir les agriculteurs français en annulant la mise en application de ce plan. Sa mise en place ne peut pas se faire au détriment des agriculteurs. Au contraire, il convient maintenant de chercher activement les moyens réellement efficaces de protéger les abeilles et de cesser de désigner les agriculteurs comme les responsables du problème apicole.

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