Mardi 7 février dernier, Interbev, l’interprofession de la viande, organisait un tour de table à Bruxelles sur l’avenir de l’élevage dans le cadre européen. Les ministres de l’Agriculture européens et les eurodéputés se sont succédé sur la scène pour partager leur point de vue sur la filière viande dans son ensemble.

D’une manière générale, le constat dressé est le même pour tous : l’élevage européen, malgré des performances environnementales, de bien-être animal et sanitaires parmi les meilleures au monde, pâti aujourd’hui d’une image constamment dégradée auprès des consommateurs. Luc Vernet, co-fondateur du think tank Eat Europe (par Farm Europe) a affirmé que « le lien consommateur-agriculteur est cassé, et il y a une différence entre les consommateurs et ceux qui parlent au nom des consommateurs ».

Pour les députés européens, il s’agit de rétablir les vérités sur l’élevage, mais aussi de s’accorder au niveau des institutions européennes sur la stratégie à adopter, et notamment sur la cohérence entre les politiques agricoles, commerciales et environnementales. L’objectif premier est d’offrir à l’élevage un véritable avenir. Mais comment peut-on prétendre à un système alimentaire durable alors que l’Union européenne continue d’importer des produits qui ne sont pas soumis aux mêmes critères que la viande européenne ?

Comme le reconnaît l’ancien premier ministre roumain et eurodéputé Dacian Cioloş, « les batailles entre l’environnement et l’agriculture entraînent un dialogue de sourd alors que finalement tout est lié ; il faut définir, ensemble, des objectifs cohérents ». Il conclut : « on ne peut pas demander aux agriculteurs d’appliquer plus de normes sans voir comment ils construisent leurs revenus et sans appliquer plus de transparence au sein des filières ».

Garantir un revenu décent aux agriculteurs semble être une ambition partagée par les intervenants, cependant, pour Natacha Guillemet de la section Viande de la Coordination Rurale, « ce travail doit se faire avec les agriculteurs ». À l’image de cet évènement, dont la qualité des débats était indéniable, mais lors duquel les interactions avec la salle étaient très limitées, la construction de la stratégie européenne est presque « hors-sol » et prend trop rarement en compte l’avis des premières personnes concernées : les éleveurs.

Natacha Guillemet s’entretient avec le député Jérémy Decerle (Renew Europe) au sujet de la DEI (Directive sur les émissions industrielles), qui représente bien le manque de cohérence entre agriculture et environnement. Selon lui, la position de la Commission agriculture est ferme : « les bovins ne doivent pas être intégrés, et il ne peut y avoir de seuil à 150 UGB ou autre ».

N. Guillemet et J. Decerle

N. Guillemet et J. Decerle

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