Positions de la CR sur le lait

La nouvelle organisation et la gestion laitière en neuf bassins nous invitent à poser clairement et objectivement les orientations voulues par chaque acteur de la filière.
Pour les producteurs de lait de la Coordination Rurale réunis en syndicat spécialisé lait OPL, il est essentiel que cette gestion au sein de ces différentes conférences de bassins ne soit pas une source de concurrence inégale ou de discorde orchestrée entre régions laitières.

Dans l’objectif d’une filière laitière dynamique, nous présentons ici les grands axes de nos propositions.

État des lieux de la filière laitière

En 10 ans, le nombre de livreurs de lait a diminué de 34 %.

En 2007, 1 020 000 personnes occupaient un emploi permanent à temps plein ou partiel sur les exploitations agricoles. Ce nombre continue de décroitre   proportionnellement au nombre d’exploitations agricoles (Source INSEE)

  • L’agrandissement a été certes créateur de machinisme mais  pas d’emplois.
  • Les frais fixes par vache ne tendent pas à diminuer avec le nombre de vaches.
  • On fait comme si les entreprises avaient le même endettement.
  • L’économie d’échelle ne porte pas sur les coûts totaux mais sur les coûts variables liés à l’efficacité technico-économique et cette efficacité n’est pas influencée par la dimension de l’entreprise.

On peut donc dire que globalement, il n’y a pas d’économie d’échelle infinie  en production laitière sauf pour le travail.
L’autonomie financière diminue avec l’augmentation du nombre de vaches et l’endettement augmente avec la dimension des exploitations. Oui, des petites entreprises peuvent être plus performantes que des grosses !

L’inventaire des espaces libérables et le non renouvellement des chefs d’exploitations renvoient à plusieurs questions :

  • Quel entretien à l’avenir des paysages et par qui ?
  • Est-ce que ces espaces peuvent être mis en valeur uniquement par les successeurs des actuels exploitants et dans quelles conditions ?
  • Pourquoi et quelles sont les raisons qui font que les candidats se heurtent à la difficulté de réunir les terres nécessaires à leur installation ?

Se poser ces questions, c’est s’interroger sur l’aménagement du territoire, sur son développement, sur l’augmentation des terres en friches et la dépopulation (Source Institue de l’élevage). Est-ce que ces questions sont posées aujourd’hui ?

Propositions de l'OPL, le syndicat spécialisé lait de la Coordination Rurale (CR)

Prix et volumes

  • Les OP doivent être transversales et indépendantes des laiteries, avec pour mission principales de gérer les volumes.
  • Un prix rémunérateur en relation avec les coûts de production assurera la pérennité de la filière.
  • Une gestion des volumes cohérente ne doit pas se faire uniquement au sein du bassin mais bien en relation avec le contexte national et européen.
  • Le droit à produire et sa répartition doivent être annuels avec des possibilités d’ajustement marginal au cours de l’année,  car de nombreux aléas (Climatique, Technique, Sanitaire …..) peuvent influencer les volumes.
  • Les CRIEL doivent être redimensionnés à l'échelle des conférences de bassins en attendant la reconnaissance de l'Office du lait qui  garantira un fonctionnement démocratique et représentatif de la profession et plus globalement de l'ensemble de la filière laitière.

Transparence

  • La transparence à tous les niveaux de la filière (amont et aval) est indispensable et incontournable afin de pouvoir juger de la rentabilité de tous les acteurs.

Qualité du lait

  • Il faut étudier la microflore du lait et son utilité dans la digestibilité du lait (allergies), son utilité sur les maladies digestives des veaux, son utilité dans la transformation du lait….
  • Est-ce un objectif d’avoir un lait le plus exempt possible de flore ?
  • Instaurer un double échantillonnage lors des prélèvements de lait pour analyse.

Exploitation et emplois

  • Restructuration : garder des exploitations sur tout le territoire !
  • Disparition du savoir faire : Garder des exploitations de taille humaine afin d’avoir une transmission des savoir-faire et éviter l’industrialisation totale de l’agriculture.
  • Transmission des exploitations : A un certain niveau de capital, une génération ne permet plus de payer l’outil de travail s’il n’a pas une rentabilité suffisante.
  • Charge de travail par exploitations : 300 à 350 000 litres sont un maximum par UTH afin d’assurer un contrôle total de tous les travaux de l’exploitation. Une charge supplémentaire de travail oblige de faire appel à des structures extérieures.
  • Emploi non possible avec les cours actuels des productions. Instaurer la TVA sociale permettrait de réduire l’écart  entre le prix  de nos produits  agricole et celui  des pays à faible coût de main d’œuvre.

Irrigation

  • Retenir l’eau de l’hiver sans consommer des surfaces de production. Plusieurs petites retenues pourront être plus facilement installées sur des surfaces où l’on ne peut pas produire. Des grosses réserves d’eau impliqueront de noyer de la SAU.
  • Développer la formation pour optimiser la répartition de l’eau selon les cultures.

Biodiversité

  • Préserver la biodiversité nécessite de comprendre le fonctionnement des écosystèmes. Les scientifiques sont de plus en plus conscients des rapports étroits entre sols,  climat et biodiversité.
  • La biodiversité apparaît alors essentielle pour un développement durable, de même que la mise en œuvre de pratiques agricoles aptes à préserver et valoriser cette biodiversité. Maximiser une compétitivité sélectionnera un nombre limité de plantes fourragères !
  • Développer les  semences  fermières  pour permettre d’entretenir la diversité par territoire.
  • Développer les cultures associées.
  • La compétitivité impliquera la disparition de la production du lait avec de l’herbe (Oméga 3) et n’est pas forcément synonyme de productivité globale qui demeure l’objectif essentiel de l’agriculture pour le XXIème siècle.

Consommation et tourisme

  • La consommation n’est pas concentrée dans les régions favorables à la production laitière. Tout le territoire doit être couvert en producteurs.
  • 90 % des actes de consommation de produits laitiers ont lieu au cours des trois repas principaux (+ goûter enfants)
  • 86 % des actes de consommation de produits laitiers s’effectuent à domicile.
  • Sans agriculture et surtout sans l’élevage, le tourisme disparaît  faute d’entretien du paysage et d’accueil.

Energie dans les exploitations

  • Micro-méthanisation (méthanisation continue qui est la moins coûteuse en installation)
  • Production d’énergie ou économie d’énergie en individuel pour réduire les coûts et non systématiquement des grosses constructions que les producteurs ne maîtrisent pas.

Environnement

  • Développer les savoirs faire (Alélopathie, PNPP, …..) pour aider à la diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires sur les cultures.
  • Développer les savoirs faire (Homéopathie, Phytothérapie, Aromathérapie,  ……) afin de diminuer l’utilisation de produits pharmaceutiques dans le soin des animaux.

Les propositions de notre organisation professionnelle s’inscrivent donc dans une réflexion globale, bien au delà des exploitations laitières, donnant les moyens et les outils aux producteurs de travailler et d’être présents sur l’ensemble du territoire.

Il en va également des installations, des reprises…de l’avenir ! Cet avenir passe inévitablement par les jeunes qui ont, pour beaucoup, à cœur de faire ce métier mais qui par obligation financière et au regard de l’évolution de la société, choisissent une alternative de vie et de métier plus « rentable ». Cette rentabilité, c’est le prix du lait payé à la ferme ! Il faut qu’il permette la pérennité de l’entreprise et son développement et évidemment assurer un revenu juste et digne.

La société et ses mentalités changent, tous les secteurs économiques sont en constantes évolutions. L’agriculture ou certains de ses secteurs de production ne peuvent pas en être exclus au risque d’entraîner dans leur déclin l’ensemble des filières qui en dépendent.

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