Tous les éleveurs qui ont contacté leur marchand d’aliments dans les dernières semaines l’ont constaté : les prix des aliments flambent ce qui met les éleveurs dans une situation économique intenable, faute de pouvoir répercuter cette charge supplémentaire.

Depuis le début de l’année, les cours de toutes les matières s’envolent. Par rapport à août 2021, le prix du maïs a bondi de près de 50 %, celui du blé de 16 %. Les protéines sont également concernées. Toujours sur la même période, les cours des tourteaux de tournesol de colza ou de soja ont augmenté de plus de 25 %.

Les indices « aliments » publiés par l’Itavi atteignent des niveaux records. La légère baisse observée en août ne devrait être que provisoire. En effet, les mauvaises prévisions de récoltes au Canada ont relancé la spéculation sur le blé notamment. Pour les éleveurs de volailles, la situation se dégrade tellement que les variations du rapport entre les indices de prix sortie abattoirs et les indices de prix d’alimentation frôlent les 10 % par rapport à la référence 2006-2010, ce qui pourrait conduire prochainement à la réouverture des négociations selon l’accord du 3 mai 2011 (plus d’informations : Indices filière volaille | Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation).

En poulet standard, le coût alimentaire représente plus de la moitié du coût de production incluant la rémunération de l’éleveur. L’évolution des cours depuis septembre 2020 ne permet pas de répercuter cette hausse : +7 % (source FranceAgrimer).

Figure 1: Evolution des indices "aliment" de l'Itavi - données aout 2021 Figure 1: Evolution des indices "aliment" de l'Itavi - données aout 2021  

Les éleveurs porcins ne sont pas épargnés par cette hausse du coût alimentaire qui augmente de 11 % par rapport à 2020, ce qui impacte le coût de production d’environ 5 %. Dans le même temps, les cours du porc continuent constamment de chuter depuis l’été 2021. Entre septembre 2020 et septembre 2021, les cotations ont perdu environ 6 % (source Marché du Porc Breton). Dans ce contexte, la hausse des prix des aliments n’est pas supportable. Les éleveurs ne peuvent que constater les pertes. La loi Egalim ne change rien à la situation, les éleveurs restent la variable d’ajustement. Il est difficile de croire que le projet de loi Egalim 2 va apporter des solutions concrètes pour que les coûts des éleveurs, y compris leur rémunération, soient véritablement pris en compte.

Dans le secteur laitier, les impacts de la hausse du coût alimentaire ne sont pas moindres, même si l’évolution du prix du lait est globalement à la hausse en 2021. L’indice MILC, un indicateur de marge en production laitière, publié par le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (CNIEL) est toujours en baisse depuis le premier trimestre 2020. L’Ipampa lait de vache, un indice des prix d'achat des moyens de production (aliment, énergie, engrais), affiche une hausse de + 8,9 pts entre juillet 2020 et juillet 2021 dont l’aliment affiche un bond de + 13,4 % ! Cette flambée des prix a pour conséquence une hausse des charges de l’ordre de +24 €/1000 L en juin 2021 / 2020, supérieur à la hausse des prix du lait sur la même période de + 17 € en prix réel. Les prix à la production restent bien inférieurs aux coûts de production et l’écart devrait encore se creuser. Pourtant les indices PVI (prix vente aux industriels) et PVC (prix vente aux consommateurs) continuent de progresser.

Figure 2: Evolution de l'indice MILC jusqu'à juin 2021 (source CNIEL) Figure 2: Evolution de l'indice MILC jusqu'à juin 2021 (source CNIEL)

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