Une nouvelle réglementation européenne sur l’agriculture biologique entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2022. Cette réforme qui concerne directement l’élevage allaitant, aura des impacts techniques et financiers significatifs sur la filière bovine.

En effet, le nouveau règlement fait disparaître la possibilité pour les éleveurs de réaliser la finition des bovins en bâtiment, mesure qui était possible dans le cadre de l’actuelle réglementation pour une durée de trois mois. Le nouveau règlement qui entrera en vigueur le 1er janvier 2022 oblige l’accès à l’extérieur à tout bovin détenu en bâtiment excepté dans certaines conditions telles qu’en période hivernale ou si les conditions climatiques ne permettent pas aux animaux de sortir. De leur côté, les veaux ne sont pas soumis à l’accès au pâturage mais doivent pouvoir accéder à des aires extérieures telles que des courettes.

Au delà des prouesses techniques que l’adoption de ce nouveau texte va engendrer pour l’engraissement des animaux, ce sont plutôt les aspects économiques dans le cadre de cette réforme qui inquiètent les éleveurs.

Une filière bio allaitante déjà fragile

En 2017, 4,9 % des vaches françaises se trouvaient dans des ateliers en agriculture biologique, mais moins de 2 % de la viande bovine consommée en France était sous label AB (Agriculture Biologique). Cela s’explique par un déclassement de certains animaux du bio vers la filière conventionnelle mais aussi par un manque de finition des bovins bio. Une étude de l’Institut de l’Élevage indiquait qu’en 2018, 142 000 têtes avaient subit un déclassement vers la filière conventionnelle, un chiffre colossal au regard du nombre d’animaux abattus sous le label bio qui s’élevait la même année à 129 000 animaux. Ce constat corrélé à de nouvelles normes coercitives font craindre une dé-conversion de certains éleveurs vers la filière conventionnelle.

Des conséquences qui s’annoncent rédhibitoires

L’instauration de cette nouvelle réglementation à l’échelle européenne est de mauvaise augure pour les éleveurs bio allaitants, qui éprouvent déjà des difficultés à vivre de leur production. La mise en place de courettes permettant l’accès à l’extérieur des animaux détenus en bâtiment aura un coût non négligeable pour les éleveurs qui n’en sont pas encore dotés. Les investissements qui seront à réaliser pour la mise aux normes ne seront pas répercutés sur les prix de vente des animaux et ne seront donc porteurs d’aucune plus-value, ce qui accentuera l’effet ciseaux avec des charges en hausse et des prix qui stagnent. De plus, la finition des bovins ne pouvant se réaliser en bâtiment dans des conditions idéales, elle se verrait dégradée ce qui induira une perte de chiffres d’affaires directe pour les éleveurs.

Enfin, cette réforme fait peser le risque de distorsion de concurrence vis-à-vis des élevages d’autres états membres de l’UE à qui l’on n’imposerait pas les mêmes dispositions.

La Coordination Rurale a sollicité un entretien auprès du conseiller du ministre de l’agriculture en charge de l’agriculture biologique afin que le gouvernement prenne en considération les difficultés évoquées dans le cadre de ses futurs arbitrages concernant l’application de la nouvelle réglementation sur l’agriculture biologique.

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