Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), partenariat global qui regroupe quinze centres de recherche sur la sécurité alimentaire, a publié au mois d’août une note qui remet en cause les méthodes actuellement utilisées pour définir les émissions de méthane dans l’atmosphère liées à la fermentation entérique des ruminants. En effet, d’après cette note, les modèles couramment utilisés se basent sur un taux de rejet annuel constant et peut mener à une surestimation de l’impact réel sur le réchauffement climatique de l’ordre de 3 à 4 fois.

Le consortium utilise un indicateur qui classe les principaux gaz à effet de serre (GES) comme « polluants climatiques à courte durée de vie » et « polluants climatiques à longue durée de vie ». La différenciation de ces gaz est primordiale, car elle comporte des implications importantes sur la façon dont les émissions de GES individuelles affecteront le climat. En effet, les gaz à longue durée de vie atmosphérique émis aujourd’hui vont se cumuler aux concentrations atmosphériques actuelles et continuer le réchauffement climatique des centaines voire des milliers d’années.

À titre de comparaison, le méthane (CH4) d’origine agricole fait partie des gaz à courte durée de vie, et se maintient dans l’atmosphère moins de dix ans.

A contrario, le monoxyde de carbone (NO2) et le dioxyde de carbone (CO2) font partie des gaz à longue durée de vie, et se maintiennent dans l’atmosphère respectivement 123 ans et plus de 10 000 ans !

À cet effet, le consortium appelle la communauté scientifique à prendre en compte ce nouvel indicateur afin de corriger la mauvaise interprétation des rejets.

Arrêtons la stigmatisation de l’élevage

La publication de cette note fait écho à la récente publication du sixième rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) qui consacre une partie de son rapport aux émissions de méthane. Ce gaz serait responsable d’un quart du réchauffement climatique, et dont l’agriculture est le premier secteur émetteur (40 %) devant les énergies fossiles et les déchets.

Il reste regrettable que ces rapports scientifiques ne distinguent pas les différents types d’agriculture et d’élevage bovin dans le prisme des émissions de méthane à l’échelle mondiale. En effet, l’élevage bovin tel que pratiqué en France, c’est-à-dire basé sur le pâturage, permet une large compensation de ses émissions de gaz entérique grâce aux prairies pâturées. A contrario, l’élevage bovin intensif comme pratiqué au Brésil, aux États-Unis ou en Australie, est émetteur net de méthane car ne compense pas ses émissions et est alimenté par des céréales ou des protéagineux directement issues de la déforestation. En stigmatisant de manière globale le monde de l’élevage, ces publications scientifiques discréditent les pratiques vertueuses mises en place par les éleveurs vis-à-vis de la société, et font prendre des décisions inadaptées aux instances politiques. Le récent arbitrage de la Commission européenne et du ministère de l’Agriculture qui acte la décapitalisation du cheptel allaitant français et européen en réduisant la part du budget de la PAC allouée aux éleveurs allaitants en est la preuve.

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