Dans une série d’articles, la Coordination Rurale s’intéresse aux différents moyens de commercialisation qui sont, à l’heure actuelle, majoritairement utilisés par les éleveurs bovins français. Cette semaine, nous parlons des abattoirs de proximité, qui disparaissent progressivement au profit de grands abattoirs privés de plus en plus concentrés. Pourtant, les abattoirs de proximité apportent des services concrets aux éleveurs. Ils permettent, entre autres, de réduire les temps de trajet, et participent ainsi à l’amélioration du bien-être des animaux. À l’heure où le transport des animaux vivants et le bien-être animal sont sous les projecteurs des politiques nationales et européennes, ce type d’équipement représente une des seules solutions viables. Celui de Bourgueil (localisé dans le village voisin de Benais-Restigné), outil coopératif, a su résister grâce notamment à la volonté et à la détermination d’une poignée d’éleveurs de la Coordination Rurale qui ne souhaitait pas voir disparaître le dernier outil d’abattage du département. Dans l’objectif de doubler le volume traité, en passant de 250 à 500 tonnes, et de répondre à la demande, un nouvel abattoir a vu le jour en 2016.

Un outil qui permet de mieux valoriser les animaux

En plus de contribuer au maintien d’élevages variés et de permettre aux petits producteurs de travailler en circuit court sans avoir à parcourir plusieurs centaines de kilomètres, l’abattoir de Bourgueil permet une meilleure valorisation des animaux aux éleveurs. Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), l’abattoir compte 220 coopérateurs, majoritairement des éleveurs, mais aussi des bouchers et des enseignes de distribution. Cet outil fonctionne sous la forme de prestations de services, les animaux sont donc directement vendus par l’éleveur au client final. Pour Jean-Philippe BOUET, éleveur ovin, vice-président de la Coordination Rurale d’Indre-et-Loire et membre du conseil d’Administration de l’abattoir, cet outil est un formidable outil de valorisation des animaux :

« En tant qu’éleveur, ça a un côté très valorisant de travailler avec les bouchers et les GMS On sait exactement chez qui vont les animaux. On a une valorisation de l’ordre de 20 à 30 % de plus-value sur les agneaux que l’on vend en direct. C’est gagnant-gagnant pour les éleveurs comme pour les bouchers. »

 

La seule réponse aux grands abattoirs industriels

Le mouvement de concentration des abattoirs industriels privés et spécialisés met en péril l’équilibre des abattoirs de proximité assurant des missions de service public. Face à cette évolution, des démarches d’abattages alternatifs émergent dans le paysage français, comme par exemple l’abattage mobile. Pour la Coordination Rurale, ce type d’abattage ne doit pas être la seule réponse face à la déprise actuelle de certaines régions en matière d’outils d’abattage. D’une part, les volumes prévus par ces outils mobiles sont anecdotiques au regard des besoins. D’autre part, ces projets restent onéreux et disposent d’une rentabilité relative. En effet, la répercussion du coût supplémentaire de transformation se fera obligatoirement sur le prix payé par les consommateurs, qui ne peuvent, pour la grande majorité d’entre eux, pas se permettre d’augmenter leur budget alimentation. Pour la Coordination Rurale, l’abattage mobile ne doit pas se substituer à l’abattage « en dur » dans les abattoirs de proximité. La seule solution est un véritable maillage territorial permettant d’avoir suffisamment d'abattoirs au service des éleveurs et des professionnels de la viande. Chiffres clés de l’abattoir de Bourgueil 220 coopérateurs 3 000 animaux transformés par an 300 000 € de chiffre d’affaires 5 emplois Télécharger la plaquette de présentation de l'abattoir de Bourgueil en cliquant ici. À lire aussi : Les éleveurs ont besoin d'abattoirs de proximité

https://www.youtube.com/watch?v=Agch2UnY1x8

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