Les 23 et 24 juin derniers, les éleveurs laitiers de l’European Milk Board (EMB) de dix pays se sont retrouvés pour l’Assemblée générale. C’était également l’occasion pour eux d’échanger sur la conjoncture laitière de leurs pays respectifs au regard du contexte européen. Le constat est sans appel, l’élevage est attaqué dans tous les pays.

Très visible aux Pays-Bas où le gouvernement veut diminuer le cheptel laitier de 30 % ou encore en Belgique, la volonté affichée des partis au pouvoir est la réduction (voire la disparition ?) de l’élevage en Europe. Cette stratégie est bien illustrée par l’incapacité chronique, malgré les alertes lancées par l’EMB, des gouvernements européens à assurer un revenu décent aux agriculteurs. À l’exception de l’Irlande, le lait est vendu en dessous du prix de production dans tous les pays d’Europe (en moyenne 23 % en dessous, et en France 29 %). Ainsi, en 2021, un éleveur allemand a touché en moyenne 6,10 € de l’heure, quand un français touchait 3,09 €. Début 2022, la hausse des prix du lait n’est pas à la hauteur de la hausse des charges initiée fin 2021 et désormais exacerbée par la guerre en Ukraine. Par ailleurs, de plus en plus de gouvernements mènent des politiques de promotion de produits de substitution aux produits laitiers, comme aux Pays-Bas et jusque dans les écoles danoises, alors que les consommateurs n’en veulent pas. L’assemblée a également évoqué la politique commerciale européenne et l’absence de clauses miroirs sur les biens importés. Celles-ci devraient garantir que les produits importés soient en conformité avec les normes de production de l’Union européenne et permettre ainsi d’éviter les distorsions de concurrence qui nuisent aux producteurs laitiers. Enfin, le problème des coopératives agricoles qui ne représentent plus les intérêts de leurs éleveurs rassemble là aussi tous les pays. Désormais interlocuteurs privilégiés des gouvernements, ces coopératives poursuivent des intérêts financiers au détriment des éleveurs européens qui en dépendent pour leur survie.

Les membres de l’EMB souhaitent que la durabilité sociale et économique soit au cœur des préoccupations des filières lait européennes. Des initiatives, telles que le Lait Équitable, dans laquelle de nombreux membres sont engagés, montrent bien qu’il est possible de garantir un revenu équitable aux producteurs. L’objectif est de permettre une répartition équitable de la valeur tout au long de la chaîne de production ; c’est un système qui devrait être implanté dans toute l’UE et ne pas rester un marché de niche.

Les participants se sont accordés sur la nécessité pour l’EMB de redonner ses lettres de noblesse à la profession d’éleveur et pour l’association de porter leurs intérêts et leurs revendications. Une bonne représentation des éleveurs laitiers est primordiale, surtout dans un contexte où les grandes associations au niveau de l’UE ne les défendent plus!

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