La Coordination Rurale rejette en bloc le projet de réforme des retraites proposé le 10 janvier par Élisabeth Borne et estime que cet allongement de l’âge légal de départ à la retraite est intolérable pour les agriculteurs et agricultrices.
Comment accepter de travailler et cotiser deux années de plus quand pour certains, c’est l’équivalent de 14 années de congés et repos qui ont été travaillés gratuitement pour nourrir la population ?!

La pénibilité du travail n’est toujours pas prise en compte pour notre corps de métier, malgré le temps de travail élevé (55 h en moyenne en 2021, contre 37 h pour les salariés), le travail le week-end et la nuit (pour les vêlages ou l’entretien de nos cultures), le travail dans la poussière, la chaleur (supérieure à 30°C), le froid, les congés rarement pris, etc. Ce sont autant de circonstances aussi difficiles qu’ordinaires dans le quotidien des agriculteurs.
De plus, les normes et les contraintes administratives continuent de rendre le métier toujours plus éprouvant avec une charge mentale et physique toujours plus élevée.
Tout ceci, pour une retraite dérisoire : 860 € mensuels en moyenne ! Il est déjà inadmissible de travailler si longtemps pour une retraite si ridicule et d’autant plus inenvisageable d’allonger encore la durée du temps de travail !

En cette période de réforme des retraites, où la pénibilité devient un critère essentiel pour un départ anticipé, le législateur a volontairement exclu les travailleurs indépendants. Il considère qu’« étant leur propre patron, […] c’était à eux de faire en sorte de ne pas s’exposer à des risques professionnels. ». Manifestement, pour le législateur et les décideurs politiques, le travail se fait tout seul et on peut faire tourner une ferme sans contrainte physique excluant ainsi toute pénibilité ! C’est d’une grande lâcheté politique doublée d’une méconnaissance affligeante des réalités sociales du monde agricole.

Cette réforme ne constitue pas du tout un rééquilibrage et elle ne réglera pas le problème de base. Le système est aujourd’hui obsolète. Les cotisations, majoritairement assises sur le revenu du travail, génèrent une délocalisation des emplois, augmentant le nombre de chômeurs et diminuant le nombre de cotisants finançant pourtant un nombre de retraites croissant.
Il est évident que l’équilibre du financement ne peut être ni assuré par les actifs pour lesquels le poids des cotisations deviendrait insupportable, ni par les retraités via une baisse de leurs prestations.
La consommation, à l’opposé du travail n’est pas délocalisable.

Pour la Coordination Rurale, la solution viable serait l’instauration de la TVA sociale !

Elle consiste à transformer des cotisations sociales assises sur le travail en TVA assise sur la consommation de produits importés. Elle serait indolore pour les consommateurs et propice à la souveraineté alimentaire !

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