La Coordination Rurale (CR) est depuis longtemps engagée avec l’European Milk Board (EMB) pour une meilleure régulation du marché laitier en Europe. En effet, les crises successives dans la filière ont systématiquement trouvé leurs racines dans l’absence de garde-fou dans les volumes lait produits en Europe. C’est pourquoi le 31 mars dernier, dans un courrier adressé au ministre de l’Agriculture, la CR a fait un plaidoyer pour que soit déployé le programme de réduction volontaire des volumes.

Les prix du lait européen, après avoir connu des hausses historiques en 2022, sont tous à la baisse, alors que la production continue d’augmenter, sauf en France, où elle continue sa tendance baissière (-2,4 % entre 2020 et 2022, -1 % entre 2021 et 2022). Les producteurs français ont d’ailleurs connu une augmentation des prix bien moindre par rapport à leurs voisins européens : +15,3 % en moyenne sur 2022 par rapport à 2021, contre +26 % pour la moyenne européenne. Et les laiteries françaises ont d’ores et déjà commencé à baisser leurs prix ! Selon l’observatoire des prix du lait de l’Éleveur Laitier, dans certaines laiteries, les éleveurs recevront un prix 7,5 % moins élevé en mars par rapport à janvier2023 ! Début avril, des laiteries ont annoncé un prix du lait inférieur à 400 € (396 €, voire 390 €), malgré leurs promesses. En attendant, le lait de consommation et la plaquette de beurre n’ont pas baissé dans les grandes et moyennes surfaces…

Même si l’impact des producteurs français sur le déséquilibre de marché est beaucoup plus faible que dans d’autres pays et bien que la loi EGALIM devrait (si tous les acteurs jouaient le jeu) servir d’amortisseur, l’orientation des prix du lait est majoritairement impactée par l’environnement des prix de marché européen. L’amortisseur EGALIM sera insuffisant pour maintenir une dynamique favorable.

Dans leur courrier, l’EMB et la CR alertent : « Il est primordial que la Commission européenne recueille et analyse dans le détail les données sur le secteur en termes de baisse de la demande, de hausse des volumes et d’évolution des prix au producteur ainsi que d’autres indicateurs de prix et coûts de production pour l’UE. Si, conséquemment à cette analyse, la tendance reflète que le prix est inférieur aux coûts de production, alors la Commission européenne devrait activer le programme de réduction volontaire des volumes. »

Il est fondamental d’agir à temps afin d’éviter de lourdes perturbations sur le marché. Comme l’ont montré les crises par le passé, une réaction tardive cause de lourds préjudices au marché laitier européen et aux producteurs de lait. La structure de production européenne et, par conséquent, sa sécurité alimentaire, sont déjà très instables.

La France ayant fait le choix d’une politique qui lisse les prix au détriment du revenu de bon nombre de producteurs, il incombe au ministre de l’Agriculture français de peser sur les instances européennes pour mettre en place une régulation des volumes afin de maintenir un équilibre de marché. Pour Sophie Lenaerts, responsable de la section Lait de la Coordination Rurale, « si rien n’est fait rapidement, le secteur laitier court vers une autre crise d’envergure, qui pourrait être évitée : il faut que les pouvoirs publics et les opérateurs de l’industrie et de la grande distribution se réveillent ! »

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