Lors de sa conférence de presse du 20 janvier dans le cadre de la Semaine verte internationale, l’European Milk Board (EMB) a rappelé quelles sont les priorités de la politique agricole pour tendre vers une filière laitière européenne responsable, à savoir respectueuse de l’environnement, à la hauteur du défi climatique, mais aussi socialement et économiquement durable.

Les éleveurs laitiers souhaitent pouvoir travailler et produire dans de bonnes conditions, dans des espaces naturels sains dans lesquels évolue une biodiversité riche. Les pratiques agricoles en faveur de l’environnement et du climat sont d’ailleurs devenues la norme et le maintien des haies et des lisières des champs par exemple s’est généralisé. On ne peut que s’en réjouir quand on sait que ces pratiques vertueuses présentent des intérêts multiples pour la biodiversité et la fertilisation adéquate dans le cadre d’une agriculture circulaire. Cependant, ces pratiques durables ont un coût supplémentaire car elles induisent des baisses de productivité et des risques sanitaires accrus, que les gains perçus par les agriculteurs ne leurs permettent pas d’assumer.

« Les études actuelles montrent que plus d’un quart des coûts de production ne sont pas couverts, pour le lait conventionnel comme pour le bio », a indiqué la présidente de l’EMB, Sieta Van Kaimpema, lors de la conférence de presse. En France, la dernière étude évaluant les coûts de production indique que sur les cinq dernières années, 27 % des coûts n’étaient pas couverts par les prix payés.

La réforme de la PAC doit être ambitieuse

Un cadre plus équitable dans le contexte de la réforme actuelle de la PAC doit être établi pour obtenir des prix payés aux producteurs plus rémunérateurs. Le Parlement européen a déjà proposé des mesures allant dans ce sens en octobre dernier, en prônant l’adoption d’instruments permettant une meilleure gestion de crise et une régulation de la production. Il faut désormais que ces mesures soient adoptées dans le cadre des négociations en trilogue qui se tiennent jusqu’au mois d’avril. Pour la Coordination Rurale, membre de l’EMB, ces mesures doivent mener à une protection de la volatilité des prix à l’échelle mondiale, sur la base de l’exception agriculturelle et de la préférence communautaire.

En ce sens, la libéralisation des échanges mondiaux de produits agricoles doit cesser, car cela représente une aberration environnementale et économique. Alors qu’il est demandé aux agriculteurs de réaliser leur transition écologique, l’Union européenne continue de négocier des traités de libre-échange obligeant les États à brader leur propre production agricole en réalisant des transactions commerciales avec des pays lointains, au mépris d’un bilan carbone catastrophique. De plus, ces traités obligent les agriculteurs à supporter une concurrence déloyale et imposent une standardisation de l’agriculture.

Le consommateur, également très demandeur en terme de durabilité des produits, doit s’engager à vouloir rémunérer équitablement les producteurs en achetant des produits au prix juste. Les acteurs de la distribution ont un rôle à jouer sur cet aspect afin d’arrêter les promotions excessives de produits agricoles et ne plus les utiliser comme produits d’appel.

Des incitations financières positives doivent être ainsi mises en œuvre pour faire progresser la cause de la durabilité. Des directives ont été adoptées à l’échelle européenne par le biais du pacte vert « De la ferme à la table » pour accroître les ambitions environnementales européennes. Il faut désormais que des moyens financiers adaptés soient débloqués en conséquence.

 

« Les agriculteurs sont les pros de l’écologie », Jacques Laigneau, fondateur de la Coordination Rurale.

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