Le recensement agricole effectué tous les dix ans par le ministère de l’Agriculture permet de dresser une image de l’agriculture française et les tendances inhérentes aux évolutions décennales sur le territoire national. La dernière parution le 10 décembre dernier fait état d’un recul d’environ 21 % du nombre d’exploitations agricoles toutes productions confondues. L’élevage est le secteur agricole dont le nombre d’exploitations se réduit de manière drastique : entre 2010 et 2020, leur nombre diminue de 31 % soit -64 000. En ce qui concerne l’élevage laitier en particulier, la situation est très préoccupante : plus d’un quart des exploitations a disparu en l’espace de dix ans, soit environ 13 000 élevages en moins sur le territoire.

Un recul du nombre d’élevages accompagné d’une décapitalisation

D’après l’Institut de l’Élevage, la France comptait en 2020 environ 3,6 millions de vaches laitières et 736 000 génisses soit respectivement 8,2 % et 15,1 % de moins qu’en 2015. Cette décapitalisation galopante n’est, d’après l’institut, pas prête de s’arrêter. En effet, le nombre de vaches laitières pourrait selon l’Institut, d’ici 2030, reculer de 441 000 animaux avec des dynamiques territoriales contrastées. En effet, une réelle déprise de l’élevage laitier a lieu dans certaines régions telles que la Nouvelle-Aquitaine : 45 % du cheptel a disparu entre 2000 et 2019, contre 19 % au niveau national. Le nombre de livreurs dans cette région a, quant à lui, fondu pour passer de 8 700 en 2001 à 2 500 en 2019.

Au niveau national, le constat est alarmant : la part des éleveurs laitiers de plus de 50 ans était de 32 % en 2010, contre 48 % aujourd’hui dont 28 % de plus de 55 ans. D’après l’Idele, le taux de remplacement en élevage laitier est de seulement 45 %, bien loin des 71 % en moyenne, tous secteurs agricoles confondus.

Les comptes de la Nation appuient cette tendance

La récente publication des comptes de la Nation confirme une année 2020 entachée de difficultés pour les éleveurs laitiers. Avec une hausse globale des charges à hauteur de 1,2 % / 2019, notamment liée à une augmentation des charges de personnel (+12,1 %), des coûts d’entretien et de réparation (+10,7 %) et des charges sociales de l’exploitant (+12 %), les résultats économiques des élevages laitiers accusent une nouvelle baisse (-1,9 % pour la valeur ajoutée et -2,4 % pour l’excédent brut d’exploitation par exploitant non salarié). Les élevages de montagne ont globalement mieux résisté en raison d’une meilleure valorisation de leur production.

Le revenu courant avant impôt (RCAI) par éleveur non salarié accuse en 2020 un recul net de – 6,8 % et s’élève à hauteur de 26 052 €/ETP en moyenne. Lorsque l’on analyse les caractéristiques globales des exploitations laitières en 2020, il est constaté une diminution de la capacité d’autofinancement de – 3,7 %, des actifs immobilisés en hausse de 2,6 % financés par la dette, qui se trouve elle aussi en hausse de 3,1 %.

Concernant l’année 2021, l’embellie observée sur les matières premières met en péril la marge des éleveurs laitiers car non compensée par une hausse des prix du lait. En effet, l’Ipampa lait de vache fait état d’une hausse des charges de 11,9 % sur un an, avec notamment une flambée des prix d’achat des aliments achetés et ceux relatifs à l’énergie.

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