Je suis Paul Lefranc, éleveur dans la Manche de 70 vaches prim’holstein (720 000 litres de lait par an) en système conventionnel.
Je me suis installé à 22 ans dans la Manche (50) après un BTS ACSE.
Je me suis installé dans le cadre familial en 2019. Mon installation était plutôt classique donc elle a été plutôt facile. Le seul point négatif est que le parcours d’installation est très long. À partir du moment où j’ai voulu m’installer il s’est passé deux ans.
J’ai eu l’opportunité de m’installer sur la ferme familiale qui a été créée il y a trois générations. Mon image d’une ferme s’est construite avec celle de ma famille. Même si nos façons de travailler sont différentes, nous nous organisons ensemble et nous nous laissons une certaine liberté. Par exemple, mon père a enlevé des haies que je suis en train de replanter…
Je me suis associé avec mon père en GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun). Nous avons choisi ce statut sous conseil de la partie juridique du cabinet comptable.
Cette forme sociétaire est la plus répandue car elle est plus intéressante au niveau de la PAC que l’EARL. Pour une année, nous obtenons 5 000 € d’aides PAC en plus. Dans un GAEC associé, il y a une part par personne grâce à la transparence GAEC, alors que l’EARL compte pour une part, peu importe le nombre de personnes associées.
Néanmoins, l’EARL est plus simple comme statut car il peut y avoir une seule personne dans la société contrairement au GAEC où il faut être deux.
Mon père part en retraite en 2024. Je commence donc à réfléchir à l’avenir. Plusieurs choix s’offrent à moi : trouver un salarié, un associé ou déléguer à la Cuma.
Je n’ai pas de regret concernant mon choix de statut. Même si mon père part en retraite et malgré les frais de constitution de 7 000 €, j’ai dans tous les cas gagné au niveau de la PAC.
Pour maintenir de bonnes relations dans une société, il faut se connaître et beaucoup communiquer. Il faut être conscient qu’on ne peut pas toujours obtenir ce qu’on veut, il faut faire des concessions. Évidemment il y a parfois des tensions mais, elles sont et elles doivent être très vite mises de côté.
Il faut de la motivation lorsque l’on s’installe dans le cadre familial. Dans ma situation, comme je suis la troisième génération sur la ferme, mon père et mon grand-père comptent sur moi.
Si je devais donner des conseils, je dirais qu’il faut prendre son temps pour bien réfléchir. Il faut penser à l’avenir et s’installer en conséquence. Par exemple, il faut pouvoir réduire le nombre de litres de lait si besoin (départ en retraite, départ d’un associé, etc.). Il faut savoir rester raisonnable et ne pas être dans la démesure et évidemment aimer ce que l’on fait.
