À l'occasion du Conseil des ministres européens de l'Agriculture, la section jeunes de la CR a souhaité donner la parole à deux jeunes céréaliers de cette région. Entre dégâts liés aux mauvaises conditions climatiques et crise agricole, le constat dressé est bien morose.

« Engager des audits ne servira que les organismes qui les réalisent ! »

Jean-Baptiste Morin, céréalier dans l'Eure-et-Loir, secrétaire général de la CR28 s'inquiète de la manière dont est gérée cette crise dévastatrice pour le monde agricole : « Je ne suis installé que depuis 5 ans mais mon père et mon grand-père, qui ont vécu 1976, me disent que c'est bien pire. Mes rendements ont diminué de près de 50 % en blé tendre et colza, pour les pois potagers, je n'ai récolté qu'un quart de la récolte prévue, alors que dans un même temps, certaines charges, comme les fongicides, ont explosé. En juin, j'ai participé pour la Coordination Rurale, au comité technique FranceAgrimer de la région Centre-Val de Loire, qui n'avait pas anticipé la crise que nous allions traverser... Les plus pessimistes annonçaient une simple baisse de 10 %. On en est bien loin aujourd'hui ! Pour sortir de cette crise, il faut des mesures à destination des agriculteurs. Engager des audits, par exemple, ne servira que les organismes qui les réalisent ! J'ai besoin d'une année blanche, de réduire certaines charges, comme la TFNB... mais avec plus de 100 000 € de pertes, je ne me fais pas d'illusions : pour m'en sortir, il me faudra diminuer au maximum mes dépenses, pour limiter les recours aux prêts de trésorerie. Chaque euro en moins à dépenser sera toujours ça de gagné. Notre gouvernement doit prendre conscience qu'un agriculteur sauvé, même parmi les plus endettés, c'est plusieurs emplois en amont et en aval de préservés. Pour l'avenir, nous ne pouvons plus aujourd'hui nous passer d'un dispositif d'épargne de précaution efficace, ce qui n'est pas le cas de la Dotation pour aléas (DPA) qui est en place aujourd'hui. »

« Il est indispensable d'accompagner tous les agriculteurs en veillant à ce que les fonds aillent aux producteurs »

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Pour Maximilen Vangeon, agriculteur de 33 ans à Saint-Prest et président de la CR28, le constat est le même. « En 1976, le niveau d'endettement et les charges des agriculteurs étaient sans commune mesure avec ce que nous vivons aujourd'hui. Les prix des phytos, par exemple, ont explosé et sont bien plus élevés en France qu'ailleurs. Dans les réunions, on entend certaines OPA et les coopératives faire de grandes annonces : des audits seront réalisés pour décider de qui a le droit de poursuivre son activité, les coopératives feront des avances culturales... Mais qui sont-ils pour décider de qui doit "vivre ou mourir" ? Cette situation n'était pas prévisible et même les "meilleurs" subissent les conséquences d'évènements climatiques exceptionnels associés à une conjoncture économique défavorable et à la faillite de la société Van Hulle pour certains d'entre nous. Que faire alors ? Il est indispensable d'accompagner tous les agriculteurs en veillant à ce que les fonds aillent aux producteurs qui subissent de plein fouet cette situation ! Si nous allons bien, alors la " filière " que nous faisons vivre ira bien elle aussi. Il est probable qu'un grand nombre d'entre nous devrait avoir recours au RSA, mais avec une procédure non adaptée, ils seront encore exclus des procédures sociales. Il faut faciliter l'accès à ce dispositif car pour beaucoup d'agriculteurs de notre région ce sera le seul moyen de faire face, à court terme, aux dépenses de la famille. Pour la suite, il faut, comme le demande la CR depuis des années, recourir à la TVA sociale en agriculture. C'est la seule solution que nous ayons pour être compétitifs vis-à-vis de pays qui n'ont pas les mêmes charges que les nôtres. »

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