Suite au dernier Communiqué de Presse de la FNSEA et des JA sur les chiffres de l'installation aidée, louant l'augmentation de 20 % du nombre d'installations aidées et se félicitant du dispositif d'accompagnement à l'installation, la Coordination Rurale souhaite apporter quelques clarifications.

Le nombre de DJA (Dotation jeunes agriculteurs) a bel et bien augmenté de 20 % entre 2015 et 2017, mais il est faux d’affirmer que cette augmentation est le résultat d’une plus grande attractivité du dispositif ou de l’accompagnement. 2015, vu qu’il semble falloir le rappeler à certains, était une année de transition entre le dispositif national et la régionalisation des aides du second pilier, dont dépend la DJA. En conséquence, le nombre d’installations aidées cette année là a été particulièrement bas !

Si l'on remonte à peine plus loin dans le temps, en 2013, 4975 jeunes installés (hors Corse) ont bénéficié de la DJA. Avec le nouveau dispositif, et donc grâce à l’action des JA, ils étaient en 2017 4577 bénéficiaires soit environ 10% de moins qu'en 2013. Bravo ! Quelle efficacité !

Le syndicat majoritaire reprend ensuite sa vieille marotte : 98 % des jeunes aidés sont encore en activité dans les 5 ans qui suivent leur installation. Mais qu'en est-il de ceux qui choisissent de ne pas faire appel au dispositif, trop contraignant ? Voici quelques chiffres : sur l'ensemble des secteurs de production, le taux de maintien après 6 années d'activité s'élève, chez les moins de 40 ans (aidés et non aidés) à près de 87 % selon la MSA (tableau de bord des installations 2016). Il atteint 98,4 % en élevage porcin, 93 % en Bovins lait, 92,7 % en Bovins viande... Ce chiffre est, il vrai, moins élevé. Mais quel aurait été le devenir de ces installations si elles avaient été aidées à la hauteur des autres en acceptant d'entrer dans un dispositif simplifié ? Si elles n'avaient pas eu à subir la discrimination que relatent tous les jeunes qui s'installent sans les aides ? L'accompagnement à l'installation n'est pas une mauvaise chose pour la Coordination Rurale. Ce qui est mauvais, c'est une application inadaptée de cet accompagnement, sans tenir compte des besoins, contraintes et souhaits du candidat à l'installation qui s'apprête à devenir un chef d'entreprise. Rappelons le, même si cela semble une évidence : bien qu'il soit aidé, c'est bien le jeune installé qui supporte le risque lié à son installation et qui se rend tous les matins sur son exploitation.

Pour Joris Miachon, responsable Jeunes de la CR, un tel discours est inacceptable : « On joue ici avec les chiffres, alors que sur le terrain ce sont de vraies personnes qui vivent le résultat des politiques mises en œuvre. La réalité, c'est qu'aujourd'hui le dispositif est bel et bien contraignant, et rejeté par un grand nombre de jeunes qui pourraient voir leur installation facilitée par une aide qui, bien qu'insuffisante, serait bienvenue. Pour ceux qui font le choix des aides les contraintes s'accumulent. Le discours culpabilisant du syndicat majoritaire envers les jeunes qui font le choix de s'installer sans aides et ne seraient donc pas "professionnels" est insultant ».

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