Les députés et les sénateurs sont parvenus à un consensus sur les termes du projet de loi d'avenir agricole. Les seules avancées réellement positives restent l'ouverture du contrat de génération en agriculture pour les moins de 30 ans et la création d'un statut pour le jeune en cours d'installation. Pour le reste, la section jeune de la Coordination Rurale dresse un bilan amer de ce projet qui se voulait porteur d'espoir.

Des installés toujours laissés pour compte


De plus en plus de personnes s’installent sans bénéficier des aides à l'installation ou des prêts à taux bonifiés, pourtant le projet de loi n'est pas revenu sur la pratique régulière qui tend à réserver des mesures conjoncturelles, des aides, des droits à produire, voire la majoration de certains soutiens, aux seuls jeunes installés ayant obtenu des aides à l’installation.


Une taxe qui manque d'efficacité

Les parlementaires n'ont pas eu l'audace d'adopter la proposition de la Coordination Rurale qui visait à ce que les fonds dégagés par la taxe sur les cessions de terrains nus agricoles rendus constructibles (à laquelle elle s'était opposée) soient utilisés au profit du cautionnement des prêts liés à l’installation. Seul cet usage aurait pu être utile pour favoriser l’installation.

 
Une intégration cachée des nouveaux installés par les coopératives

En permettant aux coopératives agricoles de détenir des parts de GFA, le projet de loi permet aux coopératives de devenir propriétaires des terres, intégrant ainsi le nouvel installé. De fait, la coopérative deviendrait alors le fondement et non le prolongement de l'exploitation agricole, bien loin de sa vocation première. Les jeunes de la CR refusent d'être prisonniers d'un système qui veut réduire l'agriculteur à un simple apporteur de matière première, engagé toute sa carrière avec une filière qu'il doit faire prospérer : durée d'engagement avec la coopérative, obligation d'apport total, contractualisation forcée par le règlement intérieur...

L'accès au foncier est une réelle problématique de l'agriculture, particulièrement pour l'installation. Cependant, le vrai levier d'action se situe dans la rentabilité de l'activité agricole : si le foncier redevenait, grâce à des prix rémunérateurs, un investissement rentable, les jeunes auraient très certainement moins de difficultés à y accéder.
 

La stigmatisation du métier et toujours plus de contraintes


Les heures de travail qu'implique le métier, l'absence de prix rémunérateurs, le poids des contraintes administratives et techniques à respecter, la crainte d'une mauvaise météo ou de contrôles sont autant d'éléments qui dissuadent les jeunes de s'installer. Au lieu de leur redonner confiance, le projet de loi a hélas stigmatisé l'agriculteur comme un pollueur et renforcé les risques de conflits entre la profession et la société civile.

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