L’interprofession Val’hor a officiellement demandé au gouvernement, au nom de la filière, une dérogation aux principes de la contractualisation. Cette demande des producteurs, portée par la Coordination Rurale et l’UNIPHOR, de ne pas entrer dans le jeu de la loi EGALIM n’était qu’une conséquence logique. Pour notre filière, la multiplicité des clients, des marchés, des variétés et des modes de production rend impossible la mise en œuvre d’une contractualisation sur 3 ans. Trois années de fixité des prix alors que les coûts pour une même plante peuvent varier du jour au lendemain en fonction d’un nombre de critères tout aussi chaotiques qu’aléatoires. La loi n’a pas été pensée pour la filière horticole, pour des producteurs cultivant à chaque saison plusieurs essences et plusieurs variétés de chacune d’entre elles à des stades de maturité différents.

Cependant, la demande de Val’hor fait grincer quelques dents, notamment du côté de la distribution. Cette dernière envisageait de décortiquer les coûts de production en quelques semaines, de passer au scanner toutes les composantes du prix de la moindre goutte d’eau utilisée au temps passé sur chaque bouture. Un travail titanesque pour un résultat qui laissait les producteurs perplexes.

Un doute de fort bon aloi, puisque les débats démontrèrent que la distribution pratiquait régulièrement des coefficients de 3 voire 4 sur les prix proposés par les producteurs. Avec de telles marges, on peut se questionner sur l’intérêt de demander aux producteurs d’identifier leurs coûts au micron près. Sauf à devenir l’unique variable d’ajustement. Sachant que les exploitants sont désormais contraints d’effectuer avec leurs moyens et à leurs frais la totalité des étiquetages obligatoires, on peut donc douter qu’une évaluation des coûts de production aurait été élaborée à leur profit.

Si le refus anticipé de la Coordination Rurale et de l’UNIPHOR de s’engager à l’aveugle dans les méandres de la loi EGALIM était basé sur des considérations techniques, les débats sur le sujet nous ont donné entièrement raison. La mise à plat des coûts en production horticole nécessitera bien plus qu’un échange technique. Il devra être précédé d’un débat sincère de toutes les composantes de l’interprofession.

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