Le 9 décembre dernier, des membres des Coordinations Rurales (CR) des Alpes de Haute-Provence, Hautes-Alpes et Bouches-du-Rhône ont rencontré Sophie Lehwald, responsable des relations agricoles à Auchan Retail. Cette rencontre fait suite aux manifestations de fin novembre à Manosque où des grandes surfaces, comme Auchan, avaient été visitées pour dénoncer certaines de leurs pratiques inacceptables. Une discussion franche et honnête où la CR espère que les remontées pourront redonner du revenu aux agriculteurs.

 

De la transparence sur les prix

Quand on constate qu’un lot de pomme bio vendu entre 0,55 et 0,65 € cts HT au kilo à la sortie de la ferme est vendue à 4,29 € TTC en barquette aux consommateurs, il est évident que nombreux se sont servis au passage. Surtout que ce prix est dessous du coût de production, la vente à perte doit cesser ! Pour ce qui est de la viticulture, il ne faut pas que la GMS profite de la crise pour acheter du vin au rabais. Dans une économie circulaire où on est tous dans le même bateau, il doit y avoir de la solidarité nationale.
Sophie Lehwald a indiqué vouloir redonner de la valeur aux produits et que c’est aussi une volonté de la part d’Auchan. L’objectif d’Auchan d’ici 2032 est de répondre à la souveraineté agricole et même française. « Bon, sain et local » fait parti des slogans d’Auchan qui ne passent plus par des grossistes mais, en direct producteurs, pour notamment maîtriser la qualité et l’origine. Le souci que la CR a soulevé est que la plupart du temps les metteurs en marché sont des organisations de producteurs ou des coopératives, qui sont certes agriculteurs sur le papier, mais qui ne rémunèrent pas correctement les producteurs. Malgré les tentatives d’Auchan de réduire le nombre d’intermédiaires, les producteurs n’ont pas une meilleure rémunération. Il est donc nécessaire de revoir la répartition des marges entre les différents maillons d’une filière afin de donner une meilleure plus-value aux agriculteurs. Si on continue de la sorte, il n’y aura plus aucun agriculteur français et la place sera laissé aux importations.

 

De la cohérence dans la saisonnalité pour éviter la francisation

Il faut que les denrées alimentaires, et notamment les fruits et légumes, soient en accord avec les produits de saison. Quand le bureau d’achats d’Auchan a la possibilité d’avoir de grandes quantités de framboises françaises en plein mois de février ou alors des kiwis français avec un prix bien plus bas que les prix annoncés, c’est qu’il y a de la francisation qui se cache derrière. Il faut rester cohérent avec la saisonnalité et les prix du marché. La francisation est une tromperie des consommateurs et la GMS ne doit pas entrer dans la combine en fermant les yeux. Il serait judicieux de mieux de contrôler les origines des achats.

 

De plus en plus de cahiers des charges

HVE, Global Gap, vergers éco-responsable…. tout un tas de certifications coûteuses qui ne donnent aucune plus-value directe et significative pour l’agriculteur mais, qui leur sont indispensables pour vendre leurs productions. Certaines sont même purement françaises (HVE par exemple) et rien n’est demandé pour les produits d’importation ! Pour la CR, toute démarche de certification doit rester volontaire.
Sophie Lehawald a indiqué qu’Auchan n’avait pas l’ambition de demander plus de certifications vu qu’il travaille soit avec les filières classiques (conventionnel ou bio) soit avec des contrats partenaires qui, certes, répondent à un cahier des charges mais sont mieux rémunérés.

 

Contre la contractualisation des fruits et légumes

La CR a rappelé qu’elle s’est toujours opposée à la contractualisation obligatoire pour les fruits et légumes dans la mesure où elle n’est pas adaptée. Les produits sont périssables, les aléas climatiques et sanitaires trop fréquents et les marchés fluctuants et trop incertains.
Un chef de rayon pourrait acheter en direct avec un producteur local et compléter ensuite avec la centrale d’achat. Avec des efforts et de la bonne volonté, tout est possible.

En résumé, vendre en dessous des coûts de production n’est plus possible pour les agriculteurs. La GMS, et dans ce cas là Auchan, doit mettre la pression sur les coopératives et les organisations de producteurs pour demander des comptes et le prix aux agriculteurs. Les agriculteurs ne demandent pas des augmentations de prix délirants, juste quelques centimes au kilo pour pouvoir vivre. Si personne ne joue le jeu, ce sera la fin des agriculteurs français. D’autant plus, malgré la loi Egalim, il est quasiment impossible d’avoir une totale transparence sur les prix entre le premier et le dernier metteur en marché. Il n’y a aucune visibilité sur ce qui se passe dans les centrales d’achat et les facturations qui sont faites et cet entretien n’a pas apporté de réponse à ce sujet. Il faudrait plus de contrôles sur leurs fonctionnements et la mise en place de sanctions par le législateurs pour supprimer cette opacité et redonner du revenu aux agriculteurs.
Sophie Lehwald s’est engagée à faire remonter cela auprès du bureau des achats pour obtenir des éclaircissements et de la transparence vis à vis de ces metteurs en marché.

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