Vendredi 22 octobre, les représentants de la Coordination Rurale étaient reçus au ministère de la Transition écologique pour évoquer l’arrêté abeilles, un texte qui fait peser sur les épaules des agriculteurs la majorité des contraintes visant à enrayer la disparition des pollinisateurs.
Comme l’ont rappelé Max Bauer, secrétaire général adjoint de la CR, et Joris Miachon, responsable de la section Jeunes de la CR, non seulement l’agriculture n’est qu’un aspect du problème, mais elle est loin d'être le principal. Le bilan du suivi des mortalités d’abeilles, dressé par la DGAL en 2015, rappelait que les produits phytosanitaires arrivent en queue de peloton des causes de mortalité avec seulement 6 % des pertes enregistrées. En désignant l’agriculture comme unique responsable, l’État méconnaît l’ampleur du phénomène.
Ils ont également évoqué les risques pour la survie des exploitations : risque sécuritaire avec le travail de nuit, et risque d’infestations des productions avec les futures disparitions de substances actives. Des contraintes qui augmentent l’avantage concurrentiel des productions importées. Comme le précise Joris Miachon, arboriculteur dans la Drôme, « les professionnels ont déjà fait de nombreux efforts, tant sur les molécules que sur les modes de traitement. Aucune des contraintes déjà faites n’a pu être répercutée sur les prix et aucune de celles qu’on va nous imposer ne le sera. Au final, les arboriculteurs choisiront d’arracher les parcelles pour planter des végétaux non mellifères ». Max Bauer, quant à lui insiste sur « l’importance d’engager des moyens financiers sur la recherche appliquée pour obtenir des solutions fiables économiquement pour la protection des végétaux ».
Au-delà de nos craintes, force est de constater que les échanges avec le ministère ont été transparents et vierges de la moindre censure. Pendant près de deux heures, les participants ont abordé la quasi-totalité des questions liées à l’arrêté abeilles. Cet épisode prouve qu’il convient de resserrer les liens avec le "boulevard Saint-Germain". « Seul, un dialogue constant avec le ministère de la Transition écologique peut permettre de faire entendre la voix du terrain, loin des abstractions politiques et environnementalistes. Nous espérons nouer ce dialogue le plus rapidement possible et rencontrer Madame la Ministre pour échanger sur l’ensemble des sujets de l’agriculture et de la ruralité », a rappelé Max Bauer à la sortie de l’entretien.