Le marché français du bio s’est brusquement retourné en 2021 (-1,3 %) et la tendance devrait encore s’amplifier… Selon une étude réalisée par Xerfi Precepta, la crise est en effet bien plus profonde qu’il n’y paraît et le marché du bio ne se redressera pas avant 2024 !
Plus précisément, « 2023 sera une année de stagnation pour le bio, et 2024 devrait voir les ventes de produits biologiques progresser légèrement, de 2% ».

Principales causes ? L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, mais pas seulement… « Ce retournement de la distribution de produits alimentaires bio s’explique aussi par la perte de repères des consommateurs avec l’essor des labels et allégations alternatifs souvent moins chers. Sans oublier les incertitudes sur le soutien des pouvoirs publics à la filière biologique », explique l’institut.

Les stratégies de la distribution pour faire face

Ce retournement du bio impacte fortement le secteur de la distribution, et surtout les enseignes spécialisées, souligne Xerfi. « Les conséquences sur leurs ventes sont d’autant plus importantes que le bio représentait, avec le e-commerce alimentaire (aussi en recul), les deux grands relais de croissance de ces dernières années ».
Pour faire face, deux stratégies différentes semblent vouloir s’affirmer. Certains optent pour la poursuite d’une logique de volume et de prix, quand d’autres réduisent le nombre de références bio, réorganisent les rayons, et vont même jusqu’à fermer des points de vente. Pour ces derniers, Xerfi estime que l’exercice « sera de plus en plus difficile ». « C’est la stratégie de Biocoop depuis des années. Le leader du bio (…) pourrait alors continuer à se démarquer avec sa posture de militant favorable à une agriculture biologique raisonnée, au risque de se retrouver chef de file d’un mouvement qui comptera de moins en moins d’adeptes ».

Une période charnière pour la filière

L’institut de sondage anticipe par ailleurs une augmentation des défaillances, qui seront autant d’opportunités d’acquisition pour les réseaux les plus robustes. « Les alliances à l’achat entre les acteurs les plus offensifs seront également d’actualité. Dans les deux cas, il s’agit de renforcer son pouvoir de marché auprès des fournisseurs et d’améliorer sa compétitivité pour reconquérir les consommateurs », note Xerfi, qui qualifie la période qui s’ouvre de « charnière pour la filière ».

La fin de l’âge d’or du bio ?

Et les pronostics ne sont pas encourageants ! « S’il est vraisemblable que les ventes de produits bio se redresseront tôt ou tard, elles ne devraient pas retrouver les niveaux de croissance de la décennie écoulée. L’écart de croissance entre produits bio et produits conventionnels va donc se réduire », considère l’institut.
En clair, le bio risque de perdre son statut de relais de croissance. Alors les grandes surfaces pourraient se tourner vers les produits frais, locaux et les circuits courts.

> Dans ce contexte, « il est urgent de mettre en place des leviers pour reconquérir durablement les consommateurs et de réguler les conversions en bio », alerte Frank Olivier, responsable de la section Bio à la Coordination Rurale.

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