Jeudi 14 janvier 2021, une table ronde était organisée par la commission des affaires économiques du Sénat à Guégon, dans le Morbihan, sur la prévention des suicides en agriculture. Pour l’occasion, plusieurs personnalités politiques avaient fait le déplacement : Sophie Primas, présidente de la commission, Henri Cabanel, viticulteur dans l’Hérault et rapporteur sur le sujet, Françoise Ferat, sénatrice de la Marne, Joël Abbé, sénateur du Morbihan, Muriel Jourda, sénatrice du Morbihan, ainsi que plusieurs conseillers départementaux, régionaux et des élus communaux. Le monde agricole était quant à lui représenté par une petite dizaine d’agriculteurs et agricultrices, ainsi que des représentants de Solidarité Paysans. Sophie Primas et Henri Cabanel ont expliqué avoir mis en place cette commission spéciale pour recueillir à la fois des témoignages de familles endeuillées par le suicide et des exemples concrets de soutien et d'accompagnement de structures, comme Solidarité Paysans. L'objectif de la commission était de formuler des propositions pour enrayer ce grave fléau. Des agriculteurs ont témoigné de leur mal-être profond et ont expliqué comment ils se sont fait aider moralement et financièrement. Ils ont expliqué ne pas vraiment connaître les structures existantes. Certains ont carrément changé de métier estimant ne plus pouvoir supporter les pressions dont ils ont été victimes. Présente à la rencontre, Catherine Laillé, responsable de la section Agricultrices de la CR, a remercié celles et ceux qui ont mis au grand jour ce fléau, des journalistes comme Béatrice Gurret, Anne Nivat et Karoll Petit, entre autres ; le marcheur de l’espoir Patrick Maurin et bien sûr Édouard Bergeon pour son film au nom de la Terre, bouleversant et criant de vérité.Touchée personnellement par le sujet, Catherine a fait part de son expérience, « j'ai vécu dans une famille touchée à plusieurs reprises par ce fléau, qui ne date pas d'aujourd'hui, mais qui a dramatiquement empiré avec la crise laitière de ces dernières années. Il est important d’en rappeler les principales raisons : en premiers lieux le manque de revenu avec sa spirale de l'endettement, puis la charge de travail, l’empilement des dossiers administratifs, les contrôles, les attaques, l'isolement, etc. ». Puis, notre responsable a mis en avant les propositions que porte la CR, notamment l’accès à l’information en amont, par des plaquettes départementales avec les coordonnées des structures d'aides psychologiques et financières, qui doivent être distribuées largement. La clarification des missions d'accompagnement de la MSA, la poursuite de l'aide au répit. La considération du travail des agriculteurs qui est vitale. Sans oublier que la priorité reste d'abord et avant tout une politique agricole ambitieuse qui garantisse des prix rémunérateurs pour nos produits, en sortant du libre-échange et en régulant les productions dans un souci de souveraineté alimentaire. La CR a remis un dossier étayé à Olivier Damaisin, député du Lot-et-Garonne, qui a rendu son rapport au chef de l’État fin 2020. Ce rapport manque d'ambition car il se contente d’amplifier et d’améliorer des mesures existantes qui ne fonctionnent pas. Pourtant, pour Catherine Laillé, « il est impératif de s'attaquer aux racines du mal. Nous attendons beaucoup plus pour redonner de l'espoir et de la sérénité dans nos familles et dans nos campagnes. » Gageons que la commission du Sénat, qui pour l'heure poursuit sa mission sur le terrain, apporte les solutions tant attendues.  

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