Une semaine après l’annonce du Premier ministre de passer la retraite minimale agricole de 75 à 85 % du Smic au 1er novembre 2021, le député André Chassaigne a déposé une nouvelle proposition de loi visant à revaloriser les retraites agricoles les plus faibles. L’objectif serait de « renforcer l’égalité des droits et le montant des pensions de retraite pour l’ensemble des bénéficiaires du régime de retraite des non-salariés agricoles ».

Depuis le début de l’année 2021, il s’agit de la troisième initiative parlementaire déposée en faveur des exclus de la retraite à 85 % du Smic. La première avait été déposée le 3 mars dernier par la sénatrice Nadia Sollogoub, puis une seconde le 7 avril par la députée Jaqueline Dubois et celle-ci du 29 avril. La section Agricultrices de la CR remercie les parlementaires de s'être saisis de cette problématique majeure et se satisfait d'avoir été entendue sur la limitation à 5 ans du statut de conjoint collaborateur.

Dans cette proposition, trois leviers sont proposés par le député : 1. le levier dit de « gestion » pour réviser les conditions d’attribution de la PMR (Pension majorée de référence) en assouplissant les conditions d’accès et en se basant sur le régime général plus favorable pour ce montant minimum de retraite garanti. 2. le levier dit de « solidarité » qui permettrait d’élargir aux femmes, conjoints collaborateurs et aidants familiaux l’accès au complément différentiel de points de retraite complémentaire obligatoire dit CDRCO. 3. le levier dit de « prévention » contre les inégalités, consisterait à limiter à 5 ans le statut de conjoint collaborateur à l’instar de celui des aidants familiaux.

« Les agricultrices sont souvent les grandes oubliées de la loi retraites alors qu’elles contribuent largement au développement de la production agricole. Mais, les « sans statut » que sont les conjointes collaboratrices ou aidantes familiales ne sont ni considérées ni valorisées dans ce système et dans la complexité des calculs. Le montant de leur retraite est une injustice sociale » explique Sophie Lenaerts, de la section Agricultrices de la CR. « Pour une carrière complète, une grande majorité des femmes toucheront moins de 600 euros de pension mensuelle, c'est un aller simple vers la pauvreté ou l’extrême pauvreté et cela malgré toutes les études, les rapports, les examens, les débats qui démontrent le manque de reconnaissance du travail des femmes en agriculture et les injustices dont elles sont victimes. Des changements il y en a, mais ils se font dans une lenteur législative déroutante. Ce manque de reconnaissance et de revenus fait de l'agriculture un métier en perdition. Pourtant, nous savons que notre souveraineté alimentaire dépendra de l’avenir de notre agriculture. Il va donc falloir des agriculteurs et des agricultrices pour demain, l’enjeu est primordial et passera par la reconnaissance et l'égalité mais cela ne se fera pas sans de nouvelles mesures ».

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