Le salon « Agrobio » de Retiers de septembre n'ayant pu se tenir à cause de la situation sanitaire, plusieurs tables rondes ont été organisées par visioconférence à la place. L’une d’elles portait sur « le remplacement des agricultrices, histoire du congé de maternité » et donnait la parole à Xavier Cinçon, sociologue enseignant-chercheur, Laurence Lubrun, secrétaire du service de remplacement de Normandie, et Catherine Laillé, responsable de la section Agricultrices de la CR. Après une courte présentation des modalités réglementaires du congé maternité, Bénédictine Clermont a donné son point de vue sur ce qu’elle estime être « un droit que les agricultrices doivent prendre » tout nuançant son propos et en rappelant qu’il n'est certes pas parfait et que le salarié remplaçant ne peut suppléer sur tous les points, notamment pour les tâches administratives. Xavier Conçon a expliqué qu’historiquement les droits des agricultrices ont 30 ans de retard sur les autres catégories socio-professionnelles. Le congé maternité des agricultrices n'existe que depuis 1977 avec alors 14 jours de remplacement, puis 28 jours en 1979, 56 jours en 1990 et 16 semaines depuis 2019. Pour Catherine Laillé, cet alignement de durée au même niveau que les autres professions est une véritable avancée, d'autant qu'a été obtenu le 0 euro à charge sur la facture totale, alors qu'avant 2019 il restait 10 % à payer. Rappelons aussi que 40 % des femmes en agriculture ne prennent pas le congé de maternité (chiffre 2017). Ce qui est un non-sens. Il y a plusieurs raisons à cela mais les gros points noirs sont surtout le manque de salariés et de compétences, notamment dans certaines productions spécialisées. Pour autant, le congé de maternité est un droit. Il doit être un gage de sérénité pendant cette période importante dans la vie d'une femme. Il en va de la santé de la mère et de l'enfant ! Pour Laurence Lubrun, agricultrice et responsable du service de remplacement, le travail et les différentes tâches à effectuer doivent pouvoir se faire par plusieurs agents si nécessaire. Il est indéniable qu'il faut former les jeunes, les faire monter en compétence et rendre le métier attractif en valorisant notamment le fait que la mécanisation a considérablement réduit la pénibilité et amélioré les conditions de travail. L’importance de la communication a également été soulevée : faire passer des messages positifs sur les remplacements réussis mais aussi informer très tôt les femmes sur leurs droits. Que ce soit pendant les études, le parcours à l'installation avec une journée spécifique, et régulièrement pendant la vie active. La discussion très constructive a duré 1h30, chacun et chacune ayant conscience que le chemin est encore long et qu'il faut continuer de porter l’ensemble de ces revendications auprès de la MSA, des parlementaires et du ministère de l’Agriculture entre autres. Merci à Agrobio 35 d'avoir permis ces échanges fort intéressants.

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