Il y a quelques jours, Natacha Guillemet, responsable de la section Agricultrices de la CR, a participé à l’émission Écrans Publics sur la thématique « Quelle émancipation des agricultrices ? »

Ce débat intervient dans le cadre du festival Écrans publics qui présente, le dernier jeudi de chaque mois à 21h00, des films qui interrogent les politiques publiques.

Quels sont les espoirs, les craintes, les motivations des agricultrices ? Pourquoi ont-elles choisi ce métier ? Transitions durables, attentes des consommateurs, pression des distributeurs : comment composent-elles avec un environnement devenu complexe ?

Ce débat a eu lieu après la diffusion du documentaire Moi, agricultrice. Ce documentaire raconte l’histoire de l’émancipation des femmes. Longtemps soumises au rôle d’épouses de paysans, de travailleuses invisibles, sans aucun statut légal ni reconnaissance sociale, les femmes, indispensables à la vie de la ferme, vont mener le combat sur plusieurs décennies pour décrocher leur statut d’agricultrice et s’imposer aujourd’hui dans le monde agricole. Ce combat, elles l’ont incarné aussi avec le syndicalisme agricole.

Natacha Guillemet a pu échanger avec la réalisatrice Delphine Prunault, Jacqueline Cottier, présidente de la commission nationale des agricultrices à la FNSEA et Arash Derambarsh, avocat, auteur de « Agriculteurs : les raisons d’un désespoir ».
Le terme Agricultrices est entré dans le Larousse en 1961, ce qui est tard. Pour Natacha Guillemet, il faut que les femmes se battent pour leurs droits.
Par exemple, pour le congé maternité : « 59 % des femmes prennent le congé maternité, ça veut dire que 41 % ne prennent rien et vont jusqu’au bout de leur grossesse, sans service de remplacement ».
Ceci à cause du côté fastidieux de la demande, des démarches administratives encore un peu plus lourdes.
Il faut que les agricultrices prennent possession de leurs droits.

Il en va de même lors du choix de son statut, comme le dit Natacha : « Pour moi, il était hors de question de garder un statut de conjoint collaboratrice parce que ce n’était pas un vrai statut. Quand on travaille, on mérite quelque chose. Je ne suis pas la femme de, j’ai épousé mon mari parce que je l’aime et pas parce que je veux un métier ».

Aujourd’hui, les profils des agriculteurs changent : « Dernièrement, je suis allée en MFR, sur tous les élèves, un seul était issu de monde agricole ».

Il faut se détacher de la passion, c’est un métier dur, il faut absolument qu’il soit correctement rémunéré. En effet, le métier d’agriculteur n’est pas sans sacrifice :« J’ai calculé combien d’heures je fais par semaine. Je fais 70h par semaine, comme mon mari » rapporte Natacha.

Il faut encourager les consommateurs à arrêter d’acheter des produits importés sans traçabilité pour soutenir l’agriculture française. Néanmoins, aujourd’hui l’agribashing continue, les agriculteurs sont mal vus à cause des produits phytosanitaires notamment.
Natacha défend son métier et son intégration dans la nature : « Je pense que le premier écologiste, le premier qui fait attention à la nature, c’est l’agriculteur. Son premier outil de travail, c’est la nature, la terre. »

220 000 fermes sont sur le point de disparaître. Le nombre d’installations des femmes stagne depuis plusieurs années à 25 %. Trois critères sont mis en cause :
– le problème du foncier, et surtout le fait que les cédants aient du mal à transmettre à une femme ;
– la méfiance des banquiers, particulièrement quand une femme est divorcée ;
– le sexisme ordinaire qui se poursuit.

Pour conclure, Natacha le dit bien : « Il va falloir arrêter de penser qu’un petit garçon joue aux voitures et qu’une petite fille joue à la poupée. Dans nos exploitations, les jeunes filles ont autant leur place sur le tracteur que les jeunes garçons. Dans nos écoles, il faut avoir un dialogue. Les femmes ont autant de qualités que les hommes pour prendre le métier d’agricultrice en main. Les femmes sont compétentes, elles peuvent apporter des compétences nouvelles, un regard nouveau et ça, ça n’a pas de prix ! »

Retrouvez le replay complet de l’émission sur la page YouTube de la Coordination Rurale : https://www.youtube.com/watch?v=-10d_thGgWo

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