Lors de sa visite pendant le Sommet de l’Élevage en octobre 2019, le Président de la République, interpellé par les éleveurs, proposait de construire des abattoirs pour aider les éleveurs. Pour la Coordination Rurale, il s’agit effectivement d’une nécessité qui passe également par le soutien aux investissements dans les abattoirs locaux existants afin de créer un véritable maillage d’outils fonctionnels. Ces derniers, comme leur nom l’indique, permettent des temps courts de trajet pour les animaux et participent à leur bien-être.

Des abattoirs locaux multi-espèces qui disparaissent

La taille des établissements d’abattage français s’accroît quand dans le même temps leur nombre recule. La diversité des outils de production se répartissent, depuis une vingtaine d’années, entre les abattoirs publics en déclin qui sont pénalisés par le manque d’investissement et les industries privées de plus en plus concentrées bénéficiant d’investissements techniques importants.

La France compte 263 abattoirs de boucherie avec une production annuelle de 3,45 millions de tonnes, mais un mouvement de concentration des abattoirs industriels privés et spécialisés met en péril l’équilibre des abattoirs de proximité assurant des missions de service public. En 2015, 97 abattoirs étaient publics et 167 disposaient d’un statut privé coopératif ou commercial. Près de 125 abattoirs produisant en moyenne 2 591 tonnes par an ont fermés entre 2002 et 2010, 64 d’entre eux produisaient moins de 1 000 tonnes, mais offraient un service local aux éleveurs et aux négociants. Leur disparition a coupé de nombreuses solutions de mise en marché pour les producteurs, fragilisant leur possibilité de négociations des prix de vente. Moins d’abattoirs locaux, c’est moins de concurrence et donc une pression accrue sur les prix.

La part des abattoirs de proximité, communaux ou intercommunaux dans les volumes d’abattage nationaux a chuté de 62,55 % en 1980 à 8,22 % en 2010. À titre de comparaison, en 1980, la France comptait 767 abattoirs dont 609 publics. Dans ses propositions aux candidats des élections municipales, la Coordination Rurale a rappelé aux futurs Maires et conseillers municipaux que le maintien des abattoirs de proximité était aussi un choix de société !

L’abattage mobile ne doit être mis en place qu’en l’absence d’abattage de proximité

L’abattage mobile est entré en expérimentation le 17 avril 2019 par voie de décret (article 73 de la loi dite Égalim). Les projets de mise en place d’abattage mobile pourront donc être présentés aux autorités et demander l’agrément auprès du Ministère pendant quatre ans.

Deux formes d’abattage mobile se distinguent : la structure complète permettant de réaliser toutes les étapes d’abattage composée de deux semis-remorques, et le système « caisson », prenant en charge l’étourdissement et la mise à mort.

Ces projets restent cependant très onéreux, et leur rentabilité relative : en effet, le seul abattoir mobile en « structure complète » en expérimentation en Suède depuis 2014 a récemment été fermé pour cause de non-rentabilité, malgré l’abattage de plus de 50 bovins par semaine.

L’abattage mobile sous forme de structure complète, fait également preuve de nombreuses contraintes : - La mise à disposition de personnel qualifié, apte à contrôler l’environnement d’un poids lourd (conduite, installation, vérifications après un déplacement, maintien d’un haut niveau sanitaire…) - La nécessité de disposer des chambres froides nécessaires à la maturation - L’impossibilité de réaliser des abattages multi-espèces, qui font la force des petits abattoirs de proximité - L’accès dans les fermes, qui peut représenter un réel problème dans certaines zones

Quant à l’abattage en caisson, sa mise en place doit obligatoirement être associée à un abattoir fixe.

Pour la Coordination Rurale, l’abattage mobile ne doit en aucun cas se substituer à l’abattage « en dur » dans les abattoirs de proximité. L’enveloppe prévue dans le cadre du Grand Plan d’Investissement, d’une valeur de 3,6 millions d’euros, pour l’accompagnement ou la rénovation d’ateliers d’abattage doit être en priorité destinée à la rénovation des abattoirs publics. La mise en place d’un système d’abattage ne doit se faire que dans des lieux reculés (tels qu’en zone de montagne) ou en l’absence totale d’abattoirs fixes.

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