Le 1er août dernier, Joseph Jouffrey, président de la Coordination Rurale a souhaité alerter le préfet et les députés des Hautes-Alpes, ainsi que le préfet coordonnateur Loup sur le nombre d’attaques en hausse dans le département :

Monsieur le Préfet,

Les éleveurs de brebis des Hautes-Alpes n’en peuvent plus !

De nouvelles attaques de loups sont à déplorer dans le département, et cela ne devrait pas s’arranger. Selon les derniers chiffres de l'Office français de la biodiversité (OFB), la population de loups gris ne cesse de progresser en France (+ 47 %). 921 spécimens ont été recensés à la sortie de l’hiver, soit 297 de plus que lors du recensement de l'année précédente. Des chiffres, déjà bien conséquents, qui sont pourtant largement sous-estimés ! Les agriculteurs du département dénoncent un comptage défectueux qui ne permet pas de protéger les troupeaux contre la prédation. C’est pourtant sur cette base qu'est établi le nombre de tirs de défense autorisés pour tuer le prédateur au niveau national.

Pour essayer d’endiguer le phénomène, plusieurs signalements ont été faits auprès de la Direction départementale des territoires (DDT) et de l'Office français de la biodiversité (OFB), mais rien n’a été mis en place, bien au contraire ! Dernièrement, 9 bêtes ont trouvé la mort lors d’une attaque sur la commune de Chorges. Sollicités pour venir faire des constats chez l’éleveur victime, les agents de l’OFB ont préféré interpeller un voisin présent sur place. Ce dernier, muni d’une caméra thermique, a été arrêté et auditionné pour braconnage ; son matériel a été saisi. Quid donc de l’accompagnement et du soutien des éleveurs promis par les services de l’État ?

Outre la totale inertie des institutions, la Coordination Rurale des Hautes-Alpes dénonce les pratiques de l’OFB, qui semble vouloir privilégier la répression, voire la provocation, à l’action. Pourtant, il est urgent d’agir ! Les agriculteurs sous pressions, sont de plus en plus excédés par ces attaques contre lesquelles ils n’ont quasiment aucun moyen d’intervenir. Les solutions qui leur sont proposées (achat de pièges, de chiens de protection ou encore la création d’une application mobile), sont soit onéreuses, soit inefficaces. Devant ces multiples défaillances, les agriculteurs finissent par être totalement découragés et ou par vouloir régler eux-mêmes le problème. Face à ce mépris affiché, le ressentiment vis-à-vis des agents de l’OFB grandit et est de nature à favoriser des drames humains.

Aujourd’hui, il en va donc de notre responsabilité, à nous syndicat, de vous interpeller sur cette tension permanente que subissent les éleveurs. De nouvelles mesures, mieux adaptées doivent être rapidement prises, notamment l’adaptation du nombre de prélèvements autorisés au nombre de dégâts des troupeaux, ou encore, l’autorisation du recours aux caméras thermiques.

Par ailleurs, il est fondamental que le futur PNA Loup (Plan national d'actions) 2023 soit un véritable plan de sauvegarde du pastoralisme, et qu’il intègre un volet concernant la régulation de l’espèce lupine. Il est en effet plus que nécessaire d’accorder aux éleveurs soumis au risque de prédation le droit de défendre leurs troupeaux par des tirs de défense.

Plus que jamais les agriculteurs ont besoin de sentir un État solidaire à leurs côtés !

Assurés de l’attention que vous porterez à notre demande, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de notre haute considération.

Joseph Jouffrey, Président de la CR 05

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