Les chiffres prévisionnels 2021, publiés ce matin par la Commission des comptes de l’agriculture et de la nation (CCAN), annoncent une hausse de 16 % de la production brute agricole, équivalant au niveau de 2018 et laissant prévoir une hausse du résultat brut de la branche agricole par actif non salarié de 17 %. Cette prévision est à rapprocher du résultat par actif non salarié pour 2020 qui est en baisse de 10 %. Les productions végétales connaissent une hausse de la production, hors secteur viticole, couplée à des prix élevés qu'il convient de nuancer. Même si la hausse des consommations intermédiaires apparaît limitée (+2.8 %), elle traduit une réalité catastrophique pour les années à venir. Faute de trésorerie, beaucoup d'agriculteurs ont renoncé à fertiliser leur sol ce qui compense l'envolée du prix de l'énergie (+15.5 % en valeur). Les achats d'engrais diminuent de 10,6 % en 2021, après une baisse de 8,6 % en 2020. C'est donc en puisant dans le capital production des terres que la production est maintenue ; capital qu'il sera difficile de reconstituer compte tenu du prix des engrais fin 2021. Les éleveurs subissent la forte augmentation du coût des aliments (+7.8 % en valeur), alors que les indices de prix n'augmentent péniblement que de 3.4 %, après les baisses connues en 2020 (-1.3 %). Pour de nombreuses productions animales, les volumes baissent. Il n'y a donc rien de réjouissant dans les comptes prévisionnels 2021, et ils annoncent déjà une année 2022 compliquée. Les résultats définitifs de 2020 présentés également aujourd’hui, montrent que le solde disponible après remboursement n’est pas suffisant pour couvrir les prélèvements privés ! « Que peut-on faire avec un solde disponible moyen par actif non salarié de 21 350 € (en baisse de 13,3 % par rapport à 2019) quand les prélèvements privés atteignent 28 560 € ? La hausse annoncée de 17 % en 2021 ne sera toujours pas suffisante ! » s’inquiète Véronique Le Floc’h, représentante de la Coordination Rurale à la CCAN. « Comme on peut le voir cette année avec les augmentations de coût de l’énergie (+15 % selon la CCAN), le niveau des charges nous échappe en grande partie. Aussi, la seule solution c’est de payer les produits agricoles à leur juste prix, pour relancer la rentabilité de nos exploitations et les investissements, et surtout assurer une rémunération digne et donnant envie d’être agriculteur ! Sans reprise des prix, les subventions d'exploitation, hors PAC, comme celles du plan de relance, seront sans effet pour la majorité des exploitations qui sont déjà asphyxiées et sans capacité d'investissement ! Ça ne peut plus durer ! »

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