C’est avec une vive inquiétude et une colère certaine que la Coordination Rurale a pris connaissance de l’évolution programmée de la Politique Agricole Commune (PAC) à compter de 2028. Avant d’être une affaire comptable, cette première analyse porte la CR à conclure à une absence de cohérence.
Une baisse de 22 % des aides aux agriculteurs est prévue : 300 milliards d’euros entre 2028 et 2034 contre 387 milliards pour la période actuelle (2021-2027), alors que 100 milliards supplémentaires vont être alloués à l’Ukraine.
De nouvelles conditions techniques et environnementales seront imposées aux exploitants, à charge pour les États membres de les mettre en œuvre. On peut donc légitimement craindre une pression des organisations écologistes punitives et invasives sur le Parlement et l’administration quant à l’application des critères environnementaux et climatiques.
D’autre part, en matière de gestion des risques sanitaires, géopolitiques et climatiques mais aussi en termes de constitution de stocks stratégiques et de réserves de crise, il n’y a pas d’avancées notables.
En tout état de cause, les aides de la PAC doivent être fléchées vers les seuls agriculteurs et non saupoudrées en partie au profit des collectivités territoriales ou des entreprises, sous divers prétextes.
La baisse programmée des aides de la PAC est d’autant moins acceptable lorsque l’on constate que des aides à l’agriculture versées par l’UE à des pays extra-européens, comme par exemple la Turquie, sont reconduites. Là encore, les aides devraient plus que jamais se concentrer sur les agriculteurs des pays membres de l’UE.
Certaines organisations professionnelles agricoles s’estiment trahies, pas la Coordination Rurale. Notre syndicat s’est créé et structuré en 1992 en réaction aux accords du GATT et à la réforme de la PAC. L’Histoire nous donne malheureusement raison en validant nos prédictions.
« La Coordination Rurale tient à souligner la concomitance entre ces annonces concernant l’avenir de la PAC et la volonté de la Commission européenne de voir signer à tout prix l’accord de libre-échange avec les pays du MERCOSUR », souligne Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination Rurale.
