À l’issue du Groupe National Loup (GNL) du 16 mai dernier, un communiqué officiel a dressé le bilan prédation de l’année 2024. Celui-ci fait apparaître une forte hausse des dommages dans les nouveaux départements colonisés, atteignant + 70 %, tandis que les zones historiques enregistreraient une baisse de 13%.
La Coordination Rurale tient à mettre en garde contre un excès d’optimisme pour ces dernières zones, notamment en ce qui concerne l’arc Alpin, où la situation actuelle rappelle dangereusement les années 2019 à 2021, qui avaient précédé une explosion de la prédation. D’ailleurs, les premières données de l’année 2025 dans certaines zones alpines confirment cette tendance inquiétante. Elles sont accompagnées d’un nombre d’observations visuelles sans précédent.
Par ailleurs, nous émettons de sérieux doutes sur le chiffre moyen annoncé de 1 013 loups pour 2025. La méthodologie de comptage, jugée aléatoire et confuse, ne permet pas de refléter fidèlement la réalité du terrain. La disparition des données sur le nombre de meutes, qui permettaient jusqu’alors de recouper les estimations, est inadmissible. Or, c’est sur cette estimation que se base le quota de prélèvement annuel, soit 19 % de la population lupine, fixant à 192 individus le plafond pour 2025, contre 209 l’an passé. D’où l’importance capitale d’une estimation fiable et rigoureuse.
Nous rappelons également que les tirs précoces voire préventifs mis en place ces dernières années ont contribué à contenir la prédation. L’orientation actuelle vers un ralentissement de ces tirs de défense simple (TDS) au profit de leur étalement sur la saison nous inquiète particulièrement.
Le nombre de victimes en forte augmentation dans les zones de colonisation témoigne de l’installation rapide du prédateur. De plus, de nombreux constats d’attaques sont écartés par les services de l’OFB, ce qui renforce la colère des agriculteurs. À ce titre, la Coordination Rurale demande officiellement que les éleveurs puissent faire valoir un droit à contre-expertise, notamment via des analyses génétiques à partir de prélèvements salivaires sur les carcasses.
Autre sujet majeur d’inquiétude : la protection nettement insuffisante des troupeaux sortant du schéma classique, tels que les bovins, équins, asins, mais aussi les petits ruminants dont les modes d’élevage sont spécifiques. Si des mesures de réduction de la vulnérabilité ont été annoncées, leur mise en oeuvre reste beaucoup trop contraignante et conforte la place du loup au détriment de notre élevage.
Enfin, la Coordination Rurale salue le déclassement de l’espèce loup, le 5 juin, par le Conseil de l’Union européenne. Il n’est plus une espèce strictement protégée mais simplement protégée. « Rappelons que la CR a toujours souligné la dimension européenne du dossier des loups, ce déclassement tant attendu démontre que nous avions raison », précise Christian Provent, en charge du dossier loup au sein de la CR. Reste désormais à chaque État membre d’en définir les modalités d’application lors des réunions de travail qui vont se mettre en place.
La Coordination Rurale sera intransigeante sur plusieurs points : • L’abandon définitif de l’article dérogatoire qui ne permettait de défendre les troupeaux que sous certaines conditions restrictives ; • La mise en place d’actions préventives et durables pour écarter les prédateurs des zones d’élevage plein air ; • Le soutien aux lieutenants de louveterie et l’amélioration de leurs statuts ; • La redéfinition d’une méthode de comptage transparente et fiable de la population lupine ; • La réintégration d’une vraie écologie, adaptée à nos territoires, en allégeant les mesures de pro-tection inadaptées.
La Coordination Rurale reste mobilisée et déterminée à faire entendre la voix des éleveurs, garants de la biodiversité et de la vie rurale.