Le 27 mai dernier, le procureur de la République du tribunal correctionnel de Bergerac (Dordogne) a rendu des conclusions favorables concernant l’accusation visant une entreprise périgourdine impliquée dans une affaire majeure de tromperie sur l’origine de produits agricoles.
L’entreprise est accusée d’avoir acheté massivement des fruits et légumes à l’étranger (Espagne, Portugal, Maroc) entre 2020 et 2021, pour les revendre sous l’étiquette « origine France », notamment sur les marchés français de gros et auprès de la grande distribution. La fraude, révélée par un reportage de l’émission Complément d’enquête, diffusé sur M6, a conduit à l’ouverture d’une enquête et à la mise en cause du gérant devant la justice.
Les producteurs français, et plus particulièrement ceux du Périgord, subissent un grave préjudice d’image et une concurrence déloyale inacceptable. Les autres victimes de cette tromperie sont, d’une part, les distributeurs abusés par de fausses origines et d’autre part, les consommateurs, délibérément trompés sur l’origine des produits qu’ils achètent.
La fraude concernerait au total 412 tonnes de fruits rouges étrangers (fraises, framboises, myrtilles, mûres), frauduleusement commercialisées comme français. Cela représente environ 5% de la production nationale annuelle de fruits rouges, soit l’équivalent de plus de 1.5 million d’euros de chiffre d’affaires détourné, au détriment des producteurs français.
La Coordination Rurale salue la demande du procureur, formulée à Bergerac ce 27 mai : 150 000 euros d’amende et un an de prison avec sursis requis à l’encontre du gérant de l’entreprise. Cette réquisition marque une prise de conscience bienvenue de la gravité de telles pratiques. Le jugement est attendu pour le 30 juin.
Pour Sébastien Héraud, maraîcher à Lamonzie-Saint-Martin (Dordogne) et responsable de la section fruits et légumes à la Coordination Rurale Union Nationale, « cette affaire démontre une fois de plus qu’il faut renforcer les contrôles, protéger réellement l’origine des produits agricoles et sanctionner lourdement ceux qui trichent. Les producteurs français sont les premiers à souffrir de ces fraudes : ils respectent – et subissent – les règles, les saisons, les coûts de main d’oeuvre et ils sont pénalisés doublement : économiquement et en termes d’image. ».
La Coordination Rurale appelle à une tolérance zéro face à la francisation, à une valorisation des produits français à la hauteur des contraintes et à des contrôles renforcés sur toute la chaîne de commercialisation.