Ils se sont mobilisés, ils sont venus de loin en tracteurs pour rejoindre la capitale avec pour tout bagage un immense espoir épaulé par les encouragements des badauds venus regarder passer le cortège de tracteurs,  celui de faire prendre conscience aux décideurs qu’il n’est plus possible de vendre à perte, qu’il n’est plus possible d’être écrasés de contraintes, de charges, et de taxes quand nos principaux concurrents sur les marchés mondiaux et européens en sont exonérés.
Chacun à bien compris que c’est l’économie du territoire qui se joue en cet instant.
Il suffit de regarder la France pour constater que le seul désordre constaté est celui des bords de routes abandonnées aux plantes allant à graines et qui  infestent les terrains agricoles

Aucun agriculteur ne se dispense d’entretenir ses prés, les animaux sont magnifiques et les cultures sont propres. C’est cela  au prix d’un travail peu ou pas rémunéré qui constitue l’image du pays et contribue à faire de la France le premier pays touristique du monde.
Qui peut croire qu’il en serait ainsi  si nous vivions au milieu des friches ?
Il reste trop peu d’agriculteurs pour imaginer qu’il faut les réduire encore.
Ce 3 septembre, ils ont entendus le grand responsable de la défense des intérêts des agriculteurs  manifester sa satisfaction et demander a ses adhérents de bien vouloir rentrer gentiment chez eux…pour avoir obtenu avant la manifestation les précieuses mesures conjoncturelles qui permettront de passer peut-être les 10 prochains mois  ? Mais…sur le fond…rien !
Ils sont venus, ils ont entendus et puis après ? Beaucoup sont repartis en pleurant…
Il est vrai que monsieur le grand responsable de la défense des intérêts des agriculteurs qu’on imagine empêtré dans des conflits d’intérêts cornéliens, patron d’une multinationale et titulaires de nombreux postes rémunérateurs sous forme d’avantageuses indemnités  a pour souci de calmer « ses adhérents » puisque leur contrôle lui vaudra la reconnaissance ultérieure du Pouvoir comme cela a été le cas depuis des décennies pour  ses illustres prédécesseurs devenus ministres , nommés à des postes prestigieux , couverts d’honneur et naturellement de revenus très confortables sans commune mesure avec  le sort commun d’un agriculteur.
Bernard Lannes avec ses 70 hectares et son poste unique de Président de la Coordination Rurale Nationale fait pâle figure mais il à cet « avantage si j’ose dire… » de vivre  nos difficultés tout simplement parce qu’il nous ressemble.
Je mourrais sans doute sans comprendre pourquoi ? Autant d’agriculteurs depuis si longtemps refusent de se pencher sur l’histoire syndicale de leur profession et continuent de suivre invariablement les joueurs de pipeaux.
 
Jean-René Gouron

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