Les parlementaires européens ont adopté, le 7 octobre dernier, un amendement dans le rapport sur le commerce présenté lors de la session plénière affirmant que l’accord Mercosur ne peut être ratifié en l’état. Notamment défendu par l’eurodéputée bretonne Marie-Pierre Vedrenne, ce vote inscrit l’Union européenne en défaveur de la ratification d’un potentiel accord « en l’état » avec les pays du Mercosur. Cependant, une ratification de l’accord reste à craindre si les aspects environnementaux, points clivants aujourd’hui, sont mieux pris en compte par les pays sud-américains.

Ce traité inquiète au plus au point la Coordination Rurale, et pour cause, quel que soit le scénario envisagé, ce nouvel accord de libre-échange menace notre agriculture, très sensible à la volatilité des prix. On prévoit en effet une réduction de 15 % à 30 % des droits de douane sur la viande issue des pays du Mercosur, le riz et le sucre, et de 15 % à 100 % pour les produits laitiers. L’importation de viande bovine issue des pays du Mercosur, (s’établissant à plus de 215 000t en 2019 – chiffres Meat Market Observatory) augmenterait de 30 % à 64 %. D’après un rapport récemment publié par la London School of Economics (LSE), l’augmentation de ces importations mènerait irrévocablement vers une chute de la production bovine européenne.

Aussi, la Coordination Rurale s’indigne une nouvelle fois que l’agriculture soit la variable d’ajustement sacrifiée au profit d’autres secteurs exportateurs. L’agriculture n’est pas une activité économique comme les autres. La délocalisation de la production agricole n’a pas que des conséquences en matière d’emploi : elle fait peser de lourdes menaces sur notre sécurité alimentaire, sur nos espaces naturels, sur nos paysages et sur notre gastronomie. Quelle est la cohérence de cet accord avec les objectifs de montée en gamme et d’agriculture de proximité mis en avant lors des États généraux de l’alimentation ? Comme chaque Français a pu s’en convaincre pendant la crise sanitaire, il est plutôt temps de reconquérir notre souveraineté alimentaire européenne. C’est pourquoi, la CR souhaite que l’exception agriculturelle soit reconnue tant au niveau européen qu’international afin de sortir les produits agricoles des négociations commerciales.

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