Ça n’aura échappé à personne, la filière laitière biologique française est en crise de surproduction depuis plusieurs mois. Cette crise de filière, qui semble pour l’instant épargner les autres pays européens, tient ses origines dans deux facteurs déterminants : une production galopante accompagnée de conversions qui n’ont cessé de croître depuis des années, et une désaffection des produits laitiers bio par les consommateurs. L’entreprise Kantar a éclairé pour nous les zones d’ombre qui subsistent sur la filière biologique.

L’ensemble du bio convainc moins les consommateurs

C’est une tendance globale illustrée de manière protubérante au sein de la filière laitière : le bio dans sa globalité a moins séduit les consommateurs en 2021. En effet, les produits laitiers ne sont pas les seuls à générer moins de caddies en bio : les œufs, les pâtes sèches, la panification sèche ou même les légumes surgelés bio ont également pâti d’une année morose. La perte de trafic en magasin est particulièrement forte en produits laitiers, notamment dans l’ultra-frais (-3,8 % en trafic), le lait liquide (-5,2 %) et le fromage en libre-service (-2,8 %). Les ventes de produits ultra-frais se situent même en dessous de leur niveau de 2019, selon IRI. La perte de trafic semble être un phénomène particulièrement fort en produits laitiers, car le constat sur les autres familles est plutôt à la stagnation. Cette désaffection des produits bio s’explique par plusieurs phénomènes, dont une nouvelle tendance qui a émergé pendant la crise du Covid-19 : les consommateurs ont eu tendance à faire des gros caddies pour faire leurs courses, en raréfiant le nombre d’actes d’achats. Plus de produits dans le caddie signifient moins de produits bio. Le bio est en effet en affinité avec des sessions de courses intermédiaires ou de dépannage. L’innovation a également été plus faible dans les produits bio que dans les produits conventionnels, ce qui s’est traduit par une moindre sollicitation des consommateurs pour ces produits et donc un ralentissement des actes d’achat. Enfin, les produits laitiers conventionnels et notamment ceux faisant apparaître un aspect local ont été sollicité par les consommateurs, qui s’est fait au détriment des produits laitiers bio.

Quelle situation en Europe ?

Le marché du lait bio français fait bande à part au sein des grands pays producteurs de lait européens. En effet, le marché des autres pays européens semble plus équilibré avec une croissance plus modérée chez nos voisins : quand la France affichait une hausse de la production de 12,3 % en cumul sur les dix premiers mois 2021 par rapport à l’année précédente, l’Autriche accusait une hausse de seulement 2 %, l’Allemagne de 3,2 % et le Danemark de 3,8 %. La part de lait bio dans la collecte totale n’est donc pas à incriminer, mais plutôt le rythme des transitions.

Malgré le gel des transitions (tardif chez certains industriels), de nombreux nouveaux producteurs laitiers vont intégrer le marché du lait bio en 2022 et 2023. D’après le Cniel, le potentiel de hausse de la collecte sur les 4 prochains semestres est estimé à 240 millions de litres, soit une hausse de 20 % de la collecte cumulée des 12 derniers mois.

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