Le député du Vaucluse, Jean-François Lovisolo, a récemment interrogé le Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, par le biais d’une question écrite. L’inquiétude du député portait sur les ravages incessants que la cécidomyie (un moucheron) cause aux cultures de lavande et de lavandin. Il a rappelé que le traitement phytosanitaire efficace a été banni des listes. Constatant l’impasse technique et la possible disparition, à terme, des cultures visées, il demande comme l’a laissé entendre Emmanuel Macron que la substitution se fasse avant l’interdiction.
En réponse, le ministre a d’abord rappelé le contexte et plus encore. Il a fait référence aux actions menées par le ministère pour résoudre les problèmes générés par les retraits de produits phytosanitaires. Soyons honnêtes, la rue de Varenne ne reste pas les mains dans les poches. Marc Fesneau a même glissé un rappel sur les dérogations de 120 jours utilisables « pour assurer la sauvegarde de cultures menacées par un danger phytosanitaire ne pouvant être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables». Il a également précisé que des dérogations sont possibles pour des produits en phase de test. Reste à espérer que ces tests déboucheront sur du positif. Enfin, il a évoqué les soutiens de toutes sortes et de tout acabit, y compris financiers.
Soit, le ministère ne reste pas les bras croisés. Cela étant, l’interdiction des produits à base de chlorpyriphos-méthyl date de 2020 et même à cette date tout professionnel digne de ce nom pouvait craindre les conséquences de cette décision. Mais si, comme le répète la Coordination Rurale depuis des années, la problématique avait été pensée en toute logique, on aurait d’abord cherché des traitements de substitution puis après avoir trouvé l’oiseau rare, rayé sans remord le produit phytosanitaire honni.
Si les conclusions ministérielles laissent espérer quelques ouvertures, nous sommes encore loin du compte. Les mesures annoncées entrouvrent de nouvelles perspectives mais demeurent toutes des solutions a posteriori. Il faut donc insister pour qu’en matière de phytosanitaire les autorités mettent enfin la charrue après les bœufs. Peut-être, peut-on se féliciter d’avoir été entendu ne serait-ce qu’a minima. Restons prudents, et si c’est le cas, dieu que ce fut long !