La production de tabac a évidement mauvaise presse puisqu’elle alimente une filière qui n'est pas bonne pour la santé. Personne ne peut l'ignorer : fumer tue !
Tabac : fin de la filière française
Pourtant, 30% des français fument toujours. Savent-ils qu'il n'y aura bientôt plus de filière française ? Que très prochainement, 100 % du tabac consommé dans le pays sera importé ? Sachant que cette filière n'est pas connue pour sa transparence (traitement du tabac après récolte, additifs...), est-ce finalement une bonne nouvelle ?
L’usine de transformation de tabac de Sarlat (24) va fermer définitivement ses portes dans quelques jours (à la fin du mois d’octobre). Cette dernière usine française laissera sur le carreau 33 salariés fixes et 176 planteurs. France Tabac regroupait les 7 coopératives tabacoles françaises auxquelles adhère la totalité des planteurs. En mettant la clé sous la porte, elle signe la fin d’une culture ancestrale dans le Sud-Ouest et l'Alsace.
Filière de niche mise à mal par la concurrence internationale, ayant des besoins importants en main-d’œuvre saisonnière et en investissements (machines spécifiques et séchage), essuyant des difficultés des précédentes récoltes, la culture du tabac dans le Sud-Ouest souffrait déjà depuis quelques années dans le silence le plus total. Et évidemment, sans jamais bénéficier d'un quelconque accompagnement.
D'autres filières subiront-elles le même sort que la filière Tabac ?
Les producteurs, eux, étaient à l’agonie avec des prix tirés toujours davantage vers le bas. Depuis quelques années, les prix se réduisaient comme peau de chagrin. Ainsi, les adhérents de la coopérative étaient payés 3,70 € le kilo en 2016. En 2017, le prix était de 3,50 €. Il est descendu à 2,50 € en 2018. En 2019, la coopérative a donné aux planteurs une « prime de plantation » tandis que le prix d’achat au kilo annoncé est de 2,20 € pour la catégorie A.
Après plusieurs plans sociaux ces dernières années, il n’y a désormais plus d’espoir. Les producteurs vont devoir se débrouiller par eux-mêmes pour vendre leurs productions. Ainsi, la plupart du tabac produit devrait s’orienter vers l’Espagne, l’Italie ou la Croatie. Pour information, en France, la production de tabac est estimée à 1 000 tonnes par an, venant d'environ 250 hectares de plantations.
Pourtant, le marché français a assez peu diminué. Les ventes ont perdu 10 millions d’unités entre 2006 et 2016 mais sur la même période, le paquet est passé de 5 à 7 €...
Si la Coordination Rurale s'inquiète pour la fin de cette production, c'est que, même si la structuration des filières est différente, le syndicat fait le parallèle avec d'autres productions gourmandes en main-d’œuvre et dont la protection sanitaire se complique. Les cerises ou l'horticulture pourraient notamment suivre le même destin.