La Coordination Rurale, représentée par Véronique Le Floc’h, présidente, Christian Convers, secrétaire général, et Sophie Lenaerts, 1ère vice-présidente, s’est rendue aux vœux du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau hier. Une allocution, par définition, très conventionnelle pour compatir des difficultés rencontrées par le secteur agricole (augmentation des coûts de production, épisodes climatiques, etc.) et saluer la résilience, bien connue, des agriculteurs dans ces épreuves.

Si la CR relève une volonté partagée de permettre aux agriculteurs de se rémunérer décemment, l’assurance récolte a fait l’objet d’un véritable « forcing ». À défaut de sanctuariser une juste rémunération pour ceux qui nourrissent leurs compatriotes, les agriculteurs ont été plusieurs fois enjoints à s’assurer, et donc à verser des sommes pharaoniques aux assureurs privés pour toucher des cacahuètes en cas de calamité. L’assurance récolte doit passer à n’importe quel prix. La menace à peine voilée de disqualifier ceux qui refuseront d’être garrottés est significative : « Et pour y parvenir, je le dis clairement : le système ne sera tenable que si nous assumons sans détour la distinction entre ceux qui s’assurent et ceux qui ne le font pas. » La Coordination Rurale le répète, les agriculteurs doivent rester libres et ne pas faire le jeu des assurances. Elle a, à ce titre, été très mobilisée afin de montrer ce que cette réforme impliquait véritablement à savoir le désengagement de l’État au profit d’assurances privées.

En effet, pour le ministre, répondre aux enjeux du monde agricole « exige, pour nous tous, de sortir des routines, de se libérer du poids des habitudes et des réflexes de réticence aux changements que, parfois, nous avons ». Encore s’agit-il de savoir quels changements.

Par ailleurs, des arguments quelque peu malvenus, pour ne pas dire hypocrites, en faveur d’une concurrence équitable et de la sécurisation de l’accès à la ressource en eau ont été évoqués dans son discours. Rappelons que l’année 2022 a été l’année de la signature d’un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande, et que nous avons allègrement continué d’importer des denrées alimentaires chargées de substances actives (SA) interdites à l’usage en Europe. Une version très spécifique de l’équité…

Quant à la question de l’irrigation, des contre-vérités ont continué d’être égrenées avec une certaine complaisance de la part du ministère de l’Agriculture. La CR espère que l’engagement en faveur du stockage de l’eau sera suivi des faits. On le sait, de manière générale, les bonnes résolutions sont les moins bien tenues, et particulièrement en politique…

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