Le ministre de l’Agriculture a annoncé 1 milliard d’aides pour les agriculteurs face à la sécheresse qui les touche de plein fouet. Il ne s’agit en fait que d’une augmentation de l’avance (70 % au lieu de 50 %) sur les aides PAC au 16 Octobre et à condition que l’Europe accepte. Beaucoup d’éleveurs auront du mal à tenir jusqu’au 16 octobre car ils doivent déjà acheter non seulement des fourrages mais également des concentrés. En effet, la sécheresse affecte également les cultures et pas uniquement les prairies.

Manque flagrant d’anticipation sur les jachères

Sachant que les conséquences de la sécheresse de 2018 sont toujours présentes (absences de stocks fourragers dans de nombreux élevages) et voyant la météorologie de ce printemps la Coordination Rurale a dès le 8 avril demandé aux préfets et au ministre qu’ils prennent les mesures adaptées et nécessaires.

L’an dernier le ministre de l’Agriculture avait autorisé la valorisation du fourrage sur les surfaces en jachère le 12 octobre. Cette dérogation était malheureusement survenue trop tardivement et les stocks n’ont pu être reconstitués. Afin de se prémunir d’une situation similaire et pour pouvoir reconstituer des stocks fourragers, la CR a notamment demandé l’autorisation de valoriser les jachères dès le printemps et ce pour tous les départements et quelle que soit la production.

En effet, il est aberrant de constater que les jachères des céréaliers ne peuvent pas servir aux animaux dans les départements en grandes difficultés. Pour la CR, cette dérogation arrive trop tard. En outre, elle devrait concerner tous les départements pour permettre une plus grande disponibilité. Comme l’an dernier le prix des fourrages va s’envoler, même si le Ministre demande de limiter les incorporations de paille dans les méthaniseurs. Là aussi, la CR reste dubitative sur la proposition de réponse de l’exécutif.

Pour rappel voici les départements inclus dans la dérogation du ministère pour le fauchage ou la pâture des jachères, en rouge les neuf nouveaux, ce qui porte le nombre de départements à 33: - Centre Val de Loire : 18, 36, 41, 45 - Auvergne Rhône – Alpes : 01, 03, 07, 26, 38, 42, 43, 63, 69, 15, 74 - Occitanie : 09, 11, 30, 31, 32, 34, 66, 81, 82 - Nouvelle-Aquitaine : 23 - PACA: 13, 83, 84, 04, 06 - Bourgogne - Franche-Comté : 39, 58 - Grand Est : 68

Autre point à anticiper : l’implantation des couverts

Va également se poser dans les prochains jours la problématique des semis de cultures dérobées au titre de la SIE et celle de l'implantation des CIPAN, comme l'an dernier. Pour rappel les producteurs étant tenus de réaliser le semis tout en sachant que le couvert ne lèverait pas, la CR avait demandé une dérogation généralisée à l’obligation de semis. Dès la semaine prochaine, les premiers départements concernés par la période obligatoire d’implantation de couvert seront l’Ariège, les Bouches-du-Rhône et la Moselle, avec une implantation obligatoire avant le 29 juillet.

Gestion de l’eau : quel impact aura une simple instruction ?

L’instruction de mi-juin mise en avant par le Ministre dans ses déclarations, ne fait qu’attirer l'attention des Préfets coordinateurs de bassin sur la nécessité  de faciliter les projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE). La CR s’interroge sur l’impact réel de cette instruction et se demande combien de retenues seront créées d'ici l'été prochain ? Il faut une réelle prise de conscience et avec elle une accélération et une multiplication de ce type de projet. La situation est bien trop préoccupante pour demander seulement de la bienveillance vis-à-vis de ces dossiers. Aussi, la CR estime que des projets individuels adaptés au besoin d’une exploitation doivent tout autant être facilités. La sécheresse aurait pu être anticipée. Si ces épisodes sont amenés à se multiplier il est urgent de penser différemment la gestion de l’eau. La Coordination Rurale est insatisfaite des conclusions des assises de l’eau et rappelle qu’il est primordial de lancer un plan ambitieux de développement des capacités de stockage de l’eau, comme le conseille le GIEC lui-même, afin de pallier les conséquences de ces accidents climatiques de plus en plus réguliers. L’aveuglement idéologique anti-irrigation ne peut constituer une adaptation satisfaisante aux conséquences des aléas climatiques. Mieux vaut prévenir que mourir !

En plus des mesures annoncées la Coordination Rurale demande :

• une dérogation exceptionnelle de non couverture automnale des sols pour l’impossibilité de semer les CIPAN ; • des arrêtés préfectoraux de reconnaissance d’un cas de force majeure, invocable par les agriculteurs lors de leurs demandes de dérogation ; • des arrêtés de reconnaissance de catastrophe naturelle dans les cas les plus graves ; • des prises en charge par le fonds de calamités agricoles, en particulier pour les fourrages, comme certains départements l’envisagent déjà ; • des opérations « maïs ensilage », le maïs n’étant pas récolté en grain mais en plante entière qui pourrait être mise à la disposition des éleveurs par les céréaliers ; • la mobilisation financière des conseils départementaux et régionaux, par exemple pour l’organisation des opérations maïs ensilage ; • le versement le plus précoce possible des aides de la PAC ; • des dégrèvements de la TFNB (article 1398 du CGI), des remises gracieuses, voire une exonération totale dans les départements les plus touchés ; • le report des annuités en fin de tableau, les intérêts étant pris en charge par l’État (aide de minimis) ; • la réactivation des fonds d’allégement des charges (aide de minimis).

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