Entre défis climatiques et tensions commerciales, quel avenir pour la viticulture française ?
A l’occasion du Salon Vinitech 2024, nous avons eu le plaisir d’organiser une conférence sur les enjeux de la viticulture française, en présence de nombreux invités :
- Véronique Le Floc’h, Présidente de la Coordination Rurale
- Xavier Desouche, Responsable de la section Viticole Coordination Rurale, viticulteur en Charente
- Anthony Brun, président de l’UGVC (Union Générale des Viticulteurs pour l’AOC Cognac), Viticulteur sur Saint Bonnet sur Gironde (17150), et Jean Christophe Baraud , membre de l’UGVC et Viticulteur sur Montendre (17130)
- Philippe Maydat, Président de la CR66, viticulteur dans les Pyrénées-Orientales
- François Bonneau, Sénateur de Charente et Serge Muller, Député de Dordogne
- Les témoignages d’Alain Queyral, viticulteur à Saint Cernin de Labarde (24) et Yoann Eboto, viticulteur à Saint Antoine de Breuilh (24)
Cette année, toutes les filières sont en crise et le vin ne fait pas figure d’exception
- Production viticole en recul de 23% sur un an entre 2023 et 2024 (mildiou, pluviométrie exceptionnelle)
- Concurrence déloyale importations à bas prix et de piètre qualité des vins d’Espagne, d’Italie, des États-Unis
- Guerres commerciales entre pays : les vins deviennent des variables d’ajustement dans les négociations. Par exemple, le Cognac où Bruxelles a pris la décision de taxer les véhicules électriques chinois jusqu’à 35 %, Pékin a riposté en annonçant une hausse drastique des droits de douane sur le cognac.
- Baisse progressive de la consommation intérieure de vin au profit d’autres alcools plus en vogue. L’exemple du vin rouge, selon le CIVB, les viticulteurs du Bordelais enregistrent des baisses de commercialisation entre 25 et 40 % pour les rouges.
Sans volume et sans prix, les viticulteurs français ne peuvent pas s’en sortir
Quel est l’impact régional ?
- Champagne : baisse de 46 % par rapport à 2023 et de 31 % par rapport à la moyenne quinquennale, due à un déficit d’ensoleillement, aux gelées printanières et aux fortes pluies.
- Languedoc-Roussillon : diminution de 9 %, impactée par la sécheresse persistante et le mildiou.
- Bourgogne-Beaujolais : recul de 38 % par rapport à 2023, principalement à cause du mildiou et de précipitations excessives.
- Bordeaux : baisse de 12 % liée à la réduction des surfaces viticoles, coulure, millerandage, mildiou, et grêle.
- Alsace : baisse de 13 % due à une floraison difficile et aux attaques de mildiou.
- Val de Loire : diminution de 29 %.
- Sud-Ouest et Sud-Est : baisse générale, notamment à -11 % en Provence, affectée par le millerandage, le gel tardif et le mildiou.
Le gouvernement a proposé, comme « solution » à la crise, un plan d’arrachage de 120 millions d’euros, qui devrait supprimer près de 30 000 des 800 000 hectares du vignoble français. Un “crève-cœur” pour les producteurs à qui on soumet toujours des mesures palliatives qui visent, in fine, à la liquidation de nos filières d’excellence.