Le vote du 18 mars par les députés d’un amendement en faveur de la taxation des engrais azotés me fait bondir.

La CR refuse la Taxe sur les engrais azotés...

Nous avons déjà vécu un précédent avec les taxes sur les produits phytosanitaires, la Redevance pour pollutions diffuses (RPD), et pour laquelle nous avions eu la garantie qu’elle serait destinée à alimenter un fonds en direction de pratiques vertueuses. Mais les taxes ont rapidement augmenté et sont allées alimenter d’autres poches, dont celles de l’État. En effet, les agriculteurs se souviennent qu’entre 2011 et 2015, l’État s’est permis d’affecter à son budget général l’équivalent d’un an de budget du plan Écophyto (soit 41 millions d’euros), financé par la RPD leur étant prélevée, alors que ces fonds auraient pu venir en soutien à la recherche sur les alternatives qui font cruellement défaut.

Cette nouvelle taxe pèsera une fois de plus sur les agriculteurs sans que leurs prix de vente ne soient indexés, comme cela a été observé précédemment sur les taxes de ce type. Produire devient toujours plus difficile, avec moins de solutions techniques, pour toujours moins de revenu ! La CR s’oppose donc à tout renforcement des prélèvements sur le secteur agricole, qu’il s’agisse d’une redevance ou d’une énième redevance pour pollutions diffuses. Sans compter qu’aucune réciprocité n’existe dans ce domaine, puisque l’entrée sur le territoire des denrées ayant été produites sans contraintes sur les engrais ne sera pas interdite.

Et comment fertiliser nos sols quand on veut d’une part taxer nos engrais azotés, et d’autre part avoir moins d’élevage ?

… et dénonce le double discours du syndicat dit majoritaire !

Ensuite, pour avoir participé à des réunions préparatoires avec des députés avec d'autres associations et syndicats, je tiens à faire savoir que le représentant JA s'était montré très ouvert sur ce sujet, en expliquant que son syndicat pourrait accepter cette nouvelle taxe sous réserve qu'elle soit ciblée sur des sujets agricoles, et surtout que les produits de cette taxe soient gérés par « la profession ». Je me dois de dénoncer auprès de tous les agriculteurs cette situation de cogestion, avec la création d’une taxe sur le dos des agriculteurs, qui servira à alimenter des structures existantes ou nouvellement créées, servant à faire tourner les boutiques de « la Profession ».

L'opposition à cette taxe s'efface très vite devant la perspective de cette nouvelle manne financière à gérer.

J’en ai marre de ce double discours qui nous tue, comme de toutes ces structures au fonctionnement opaque qui n'apportent rien à l'agriculteur. J’en ai marre des fermes qui ferment.

Je suis pour le développement de l’agroécologie et des pratiques les plus vertueuses possibles, mais qu’on nous laisse travailler ! Plutôt que de taxer les agriculteurs pour faire tourner l’agro-structure para-agricole, aidons la recherche : par exemple, pour que nous ayons accès à des pratiques et des alternatives, qui, en phase avec les demandes de la société, soient techniquement et économiquement viables et intéressantes pour les agriculteurs.

Je rappelle à toutes fins utiles que le but de notre métier d’agriculteur, c’est de produire de la nourriture. Manger c'est vital, et pourtant, les fermes ferment !

Damien BRUNELLE Agriculteur dans l'Aisne Premier vice-président de la Coordination Rurale Président de France Grandes Cultures (FGC)

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