Face à la crise et au problème de la répartition des marges en agriculture, une Ardennaise entreprenante mise sur la vente directe pour soutenir les revenus de la ferme.

Issue d’une famille de paysans, mariée à un agriculteur, Stéphanie Morin s’est pourtant d’abord dirigée vers… la coiffure ! Artisanat et contact commercial, déjà. Il y a 4 ans se présente l’opportunité de changer de vie : son beau-père part en retraite et un congé maternité lui donnent l’opportunité de rejoindre son mari Benoît sur la ferme familiale, 158 ha en polyculture élevage à Beaumont-en-Argonne, à 25 km au sud-est de Sedan. Son arrivée est l’occasion pour la Ferme de la Harnoterie de se lancer dans l’aventure de la vente directe.

Un large éventail de produits

Avec à la fois 280 bêtes à l’engraissement et un quota laitier de 190 000 litres, la ferme permet de proposer aux gourmands de nombreux produits. Stéphanie s’est d’abord intéressée aux produits laitiers : yaourts, crème, fromages frais ou affinés, mais aussi crèmes desserts, ce sont près de 10 % du quota (15 000 litres) qui sont consacrés à ces produits. Stéphanie n’a pas ménagé ses efforts pour faire connaître son travail, avec la mise en place de tournées et une présence assidue sur les marchés paysans et foires (notamment celle de Sedan, la principale manifestation agricole du département). Le bouche-à-oreille et quelques articles de presse ont permis d’installer la clientèle et de développer l’activité.

Créatrice d’emplois

Travailleuse, mais soucieuse également de préserver sa vie de famille, Stéphanie a fait le pari d’embaucher pour nourrir la demande et la ferme emploie aujourd’hui 4 salariés (à temps plein ou à temps partiel), pour la vente comme pour la fabrication. L’arrivée d’un boucher et la création d’un second laboratoire dédié à la viande a ainsi permis de développer cet aspect et de valoriser les cochons engraissés sur la ferme également en vente directe, là encore avec une belle variété : saucisses, pâtés, lard, sans oublier bien sûr le boudin blanc, pour lequel la région est réputée.

Des aides insuffisantes

Cette diversification a été possible grâce au soutien de différents acteurs (Conseils Régional et Général, Chambre d’agriculture) soucieux de favoriser la diversification et la vente directe, même si Stéphanie regrette que certaines structures n’aillent pas à bout de la logique : le Conseil Général a ainsi cessé son aide sans lui laisser le temps de se dégager un salaire. « C’est bien de nous demander de nous diversifier mais il faut des aides pour ça ». Elle déplore également les complexités administratives, mais préfère jouer la transparence : la DSV passe ainsi toutes les semaines faire des contrôles sanitaires et la ferme s’oblige à une traçabilité complète des produits.

Stéphanie ne regrette pas son choix, elle prévoit au contraire de le conforter avec, en septembre, côté agriculture une installation « officielle » (mais sans aide, puisqu’elle n’a pas de formation agricole) et côté vente directe l’ouverture d’un magasin en ville pour les clients qui ne veulent pas se déplacer jusqu’à la ferme. Stéphanie a trouvé la bonne formule, elle fait ce travail « pour le côté familial et convivial, sans patron, la liberté d’entreprendre qui est chère mais qui en vaut la peine. La rentabilité vient au 3e plan ».

www.ferme-la-harnoterie.com

Le rocroi

Il a failli disparaître, ce fromage unique, fabriqué à partir de lait écrémé et donc sans matière grasse. Mais attention, on est bien loin du produit de régime insipide, le rocroi est cousin du maroilles et sait avoir du caractère. C’est ce qui explique son succès, qui ne se dément pas depuis que Stéphanie a entrepris d’exhumer ce héros défunt du terroir ardennais.

La liberté d’entreprendre coûte cher mais ça en vaut la peine

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