En ma qualité de président de la CR du Jura, j’ai été invité à la table ronde syndicale organisée par le ministre de l’Agriculture lors de son déplacement pour inaugurer la maison du Comté à Poligny.

Le département subit actuellement des attaques régulières de loups sur les bovins. Ceux-ci étant au pré pour respecter le cahier des charges du fromage favori des Français, ils constituent (les bovins !) une cible facile pour les 3 meutes qui circulent dans le massif du Jura.

Après le témoignage poignant d’un éleveur attaqué il y a quelques jours, qui a décrit dans le détail le choc de la découverte, la pression des gens et des journalistes pour en savoir plus et faire des photos ainsi que la difficulté à faire s’endormir ses enfants pendant plus d’une semaine, c’est Nicolas Girod de la Confédération paysanne qui a pris la parole. Il a expliqué qu’il ne suffit pas de tuer des loups pour résoudre le problème. Le même Nicolas qui envisageait quelques semaines plus tôt de les nourrir pour qu’ils laissent le bétail tranquille.

J’ai profité de sa présence pour rappeler l’impunité de ceux qui détruisent les retenues d’eau à mettre en parallèle avec les lourdes retombées pour un éleveur qui serait tenté de régler le problème du loup par lui-même.

On pourrait citer aussi les faucheurs volontaires qui détruisent les champs de recherche agronomique sans jamais être inquiétés, les intrusions en élevage qui ne sont pas condamnées a contrario l’acharnement de l’OFB quand une bande d’herbe roussit en bord de champ.

Je n’ai malheureusement pas eu le temps de développer puisque le ministre est monté vertement au filet, m’intimant l’ordre de me taire et qualifiant mes propos de démagogiques, expliquant que l’on n’était pas ici à une tribune syndicale et que, non, il n’y avait pas deux poids deux mesures.

C’est pourtant le cas, ai-je répondu avant de poursuivre sur les problèmes du prix de l’énergie et des coupures d’électricités probables en janvier.

On peut donc se demander à quoi servent ces tables rondes s’il n’est pas possible d’y aborder les sujets pour lesquels l’État est en cause !

L’incurie des différents gouvernements en matière énergétique nous a menés au bord du blackout. On est en train de faire de même avec l’agriculture en laissant agir les fanatiques de la décroissance et en ne protégeant pas nos élevages des prédateurs.

Ça, Monsieur le Ministre, ce n’est pas de la démagogie, c’est la triste réalité de la production alimentaire française.

 

Emmanuel Rizzi

Président de la CR 39 et vice-président de la CRUN

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