Lettre envoyée le mardi 25 octobre 2022 à Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, et Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire :  

Monsieur le Ministre de l'Intérieur,  Monsieur le Ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, 

Plusieurs organisations ont invité leurs sympathisants à manifester les 28 et 29 octobre prochains afin d'agir contre ce qu’ils nomment la « grande mega-bassine » de Sainte Soline. Un ouvrage, selon eux, pharaonique (16 ha), entraînant la transformation du département en zone lunaire après l’impact d’une météorite « .. pour ne laisser qu’un désert et bientôt un gigantesque cratère ». À la lecture de l’appel lancé par les organisateurs, nous avons cru un temps à la percée d’un second canal de Suez.

Outre l’exagération somme toute logique d’une communication qui se veut attractive, nous sommes intrigués par l’attelage des structures qui exhortent à manifester. En premier lieu, on trouve sans surprise, nombre de coteries s’opposant aux retenues d’eau en agriculture. Ensuite, vient un ensemble de syndicats et de formations politiques. La quasi-totalité d’entr’elles ayant fait de l’agriculture une cible et un prétexte idéologique, leur présence est du domaine du compréhensible. Enfin, nous constatons la présence de formations dites « antifascistes ». Jusqu’alors, nous étions qualifiés de pollueurs, profiteurs, assoiffeurs, nous vous faisons grâce des termes plus vulgaires, mais fascistes, c’est une première !

Une première, mais peut-être pas une incohérence. En effet, l’action à venir s’inscrit dans une logique d’acharnement qui a vu le jour cet été. Cela débute par une insinuation délétère du Ministère de la Transition écologique qui, début août, fait naître la confusion sur les quantités d’eau utilisées en agriculture. Cette allégation servira de base à la mise en accusation de l’agriculture, durant ce même mois, par les sachants de l’hydrologie qui passent de plateaux télé en studios radio pour expliquer que les bassines sont une aberration. Que prendre de l’eau pour irriguer les cultures, « c’est mal ». Qu’en réalité les agriculteurs exagèrent, on peut faire pousser des plantes sans eau. L’action prévue fait également suite à l’appel à la destruction lancé par Julien Bayou fin août. C’est donc en toute logique que les 28 et 29 octobre, le chantier sera vandalisé avec l’assentiment des médias.

La vandalisation et la violence à venir sont donc la suite inévitable d’un message instillé avec soin depuis des semaines. Les actions prévues à Sainte Soline sont l’acte premier d’une série dont Mauzé le Mignon était la répétition générale aux dires des organisateurs.

Nous souhaitons ardemment que le Gouvernement se positionne clairement sur cette question. L’agriculture aura-t-elle encore le droit d’irriguer dans les années à venir ? Pour l’heure, les atermoiements de la puissance publique, exception faite des ministères de l’Agriculture et de l’Intérieur, nous laissent dubitatifs. L’indépendance alimentaire de la France ne se fera pas sans eau, quoi qu’en pensent nos accusateurs.

Certain de l’attention que vous porterez à ce courrier et des mesures nécessaires de protection du site de Sainte Soline que vous allez prendre, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre de l'Agriculture, Monsieur le Ministre de l'Intérieur, l'expression de ma haute considération.

Bernard Lannes, Président national  

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