Monsieur le Président,

Vous avez recueilli une majorité des suffrages, et la Coordination Rurale tient à vous féliciter pour la reconduction de votre mandat à la tête du pays. Les chantiers qui vous attendent sur le volet agricole sont cruciaux et l’actualité dramatique du conflit russo-ukrainien met en lumière l’importance stratégique de l’agriculture, méprisée depuis des années par l’Union européenne qui, de réforme en réforme l’a livrée à l’absurdité de la « main invisible du marché ».

En tant que président de la République française pour les cinq ans à venir et de l’Union européenne pour encore deux mois, c’est à vous qu’il incombe de porter le langage du bon sens et d’agir en conséquence auprès des autres pays de l’UE et de sa Commission. Il n’est en effet plus envisageable ni même acceptable de laisser s’enclencher en 2023 la réforme en cours de la PAC ni la funeste stratégie « de la ferme à la fourchette ». La Coordination Rurale attend de vous une prise de position claire et immédiate dans ce sens. Mieux vaut différer cette réforme d’un an pour permettre à l’agriculture européenne de garantir la souveraineté alimentaire de l’Union européenne en produisant tout ce qui est nécessaire à la satisfaction des besoins alimentaires des Européens. C’est un chantier qu’il est vital de mener à bien et soyez assuré de notre entier soutien dans ce sens.

Nous attendons également que vous preniez pleinement en compte la nécessité d’une mise en cohérence de la politique agricole avec les politiques environnementales et commerciales. Comment concilier la production alimentaire en France et au sein de l’UE avec des objectifs politiques souvent contradictoires, quand ils ne sont tout simplement pas invalidants ?

Sur le plan intérieur, nous vous avons fait part de nos propositions lors de la campagne électorale qui vient de s’achever et nous espérons de votre part les actions nécessaires pour les mettre en œuvre. Nous sommes par exemple particulièrement attachés au maintien du système des calamités agricoles, et à une juste rémunération des agriculteurs.

Sur ce dernier point, la loi EGAlim, si elle reste incomplète - y compris dans sa deuxième version - aura tout de même permis de protéger les prix agricoles. Les efforts doivent donc être poursuivis pour que cette loi aille au-delà, et donne enfin un poids nécessaire aux agriculteurs pour mettre en place un prix rémunérateur minimum.

Enfin, si l’action de votre ministre de l’Agriculture a pleinement démontré son engagement en faveur du monde agricole, nous espérons que la conduite du gouvernement dans son ensemble permettra d’avancer positivement vers une véritable souveraineté alimentaire.

La loi d’avenir agricole que vous porterez sera sans doute l’occasion de faire vivre ce projet. La Coordination Rurale travaille chaque jour pour défendre celles et ceux qui nous nourrissent. C’est forte de cette ambition qu’elle reste présente et mobilisée pour discuter conjointement des solutions à apporter.

Vous remerciant pour l’attention que vous porterez à ce courrier, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération.

Bernard Lannes, Président national de la Coordination Rurale

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