Cette période d’élections exacerbe la mobilisation des argumentaires. Dans une émission diffusée sur RTL, l’écologiste Julien BAYOU prétendait, face à Thomas Sotto, détenir des documents émanant de Monsanto (racheté par Bayer) qui prouvent la dangerosité du glyphosate. Il émettait des doutes sur les rapports des organismes officiels, dont celui de l’Anses qu’il a reconnu ne pas avoir lu !

Des positions et conclusions contradictoires

Pourtant, ce document, au grand dam des militants anti « pesticides » rapporte des conclusions plutôt rassurantes : « L'analyse a été menée pour tenter d'expliquer les conclusions divergentes du BfR et de l’EFSA avec celles du CIRC. le niveau de preuve de cancérogénicité chez l’animal et chez l’homme est considéré comme relativement limité et ne permet pas de proposer un classement 1A ou 1B (cancérogène avéré ou présumé pour l'être humain) dans le cadre de l’application des critères du règlement(CE) n° 1272/2008 (CLP) ».

Dans « Glyphosate Use and Cancer Incidence in the Agricultural Health Study » « le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le glyphosate comme "probablement cancérogène pour l'Homme", notant de solides preuves mécanistes et des associations positives pour le lymphome non hodgkinien (LNH) dans certaines études épidémiologiques ». Cependant, de nombreuses études de diverses nations concluent différemment. Entre autres, une étude aux USA menée sur 54 251 utilisateurs de produits phytosanitaires, dont 44 932 utilisant du glyphosate, pour une période de 1993 à 2005, « n’a constaté aucune association apparente entre le glyphosate et les tumeurs solides ou les malignités lymphoïdes dans l'ensemble, y compris les Lymphomes Non Hodgkiniens et ses sous-types. Il y avait des preuves d'un risque accru de Leucémie Myéloïde Aigüe parmi le groupe le plus exposé qui nécessite une confirmation. ».

À l’inverse, le site U.S. Right to know (États-Unis, droit de savoir) reprend différents arguments censés démontrer la dangerosité du glyphosate. Il cite le CIRC et son positionnement pour une probable action cancérogène du glyphosate pour l’Homme. Il soutient, qu’aux USA, l’EPA (Environnemental Protection Agency) n’a pas suivi les protocoles appropriés pour étayer ses déclarations entre 2016 et 2019 que le glyphosate ne posait aucun problème pour la santé humaine. Pour l’Europe, il insinue que l’EFSA (Europeen Food Safety Authority) et l’ECHA (European Chemical Agency) auraient assis leurs recherches et conclusions sur des données orientées, manipulées par l’industrie chimique, voire plagiées sur des données de Monsanto. Il constate que la FAO et l’OMS ont conclu que le glyphosate ne pose aucun problème relatif à l’alimentation, mais que cette position est ternie par le fait que le président du groupe a également occupé des postes de direction à l’International Life Institute, financé par le lobbying de Monsanto.

Un peu de pragmatisme

Au vu de toutes ces positions contradictoires, dont il est difficile d’appréhender le sérieux, l’objectivité et la liberté de toute emprise économique ou idéologique, le citoyen moyen a le droit de se poser quelques bonnes questions. Le glyphosate n’est pas un produit naturel, il est donc a priori suspect même si certains produits naturels peuvent être mortels comme la cigüe, l’if, l’amanite, la toxine botulique, etc..). Ce qui interpelle en premier, c’est que ce produit utilisé depuis 45 ans, dont 8,6 millions de tonnes ont déjà été répandues de par le monde pour détruire les adventices concurrentes des cultures, n’ait pas encore démontré avec évidence des effets délétères sur la santé. Par contre, le Médiator mis en marché en 1976 se voit controversé dès 1981 et son métabolite interdit aux États-Unis et dans la plupart des pays européens en 1997. Le glyphosate agit uniquement par contact foliaire des plantes par blocage de la fonction chlorophyllienne. Il n’a pas d’action rémanente, pour preuve un semis qui lève une semaine après application de glyphosate pour nettoyer préalablement le sol ne présente aucun symptôme de phytotoxicité. Les cultures OGM étant interdites dans notre pays, il n’y a aucune possibilité de retrouver des résidus de cet herbicide dans les produits alimentaires issus des cultures françaises. France Grandes Cultures (FGC), branche grandes cultures de la Coordination Rurale, a fait analyser par le laboratoire Eurofins Analytics de Nantes des produits récoltés en France et des produits importés :

(1) : Acide aminométhylphosphorique (AMPA) en mg/kg (2) Glyphosate en mg/kg (3) Glufosinate en mg/kg

On y voit clairement pourquoi certaines associations écologiques peuvent retrouver des résidus de glyphosate et d’AMPA dans des produits distribués à la consommation.

Ces produits ne sont retrouvés que dans des produits d’importation

Il faut noter que l’AMPA est un métabolite de la dégradation du glyphosate, mais aussi des phosphonates utilisés dans la fabrication de lessives. Il est donc difficile de déterminer avec certitude l’origine de sa présence dans les eaux superficielles. Cependant, il semblerait que l’augmentation des concentrations d’AMPA dans les eaux corresponde avec le remplacement des phosphates par les phosphonates dans les lessives : Ces données proviennent du syndicat mixte du grand bassin de l’Oust qui précise que l’AMPA n’était pas recherché dans l’eau avant 2004. Cependant, il est évident que la quantité de métabolites est largement supérieure à la quantité de glyphosate.

Des communications orientées et tendancieuses

La volonté des anti « pesticides » d’interdire toute utilisation de glyphosate n’a reculé devant aucune action pour arriver à leurs fins. Ainsi, afin de lutter contre la prorogation de l’autorisation européenne du glyphosate, l’association Générations Futures a publié une enquête aux résultats alarmants :

Cette information peut affoler les consommateurs, mais comme il a été prouvé plus haut, seuls les produits d’importation peuvent contenir des résidus de glyphosate. Et Générations Futures occulte (sciemment) la provenance des échantillons analysés. Ce qui est interrogatif, c’est que les écologistes demandent l’interdiction du glyphosate en France, alors qu’on ne peut trouver des résidus dans les produits français, mais ne demandent pas l’interdiction d’importer des produits qui en contiennent et surtout occultent l’origine des produits analysés. De même, associée à Générations Futures, l’association Nous voulons des Coquelicots imitée par d’autres associations a lancé une campagne médiatique des pisseurs involontaires de Glyphosate (PIG, acronyme à rapprocher du mot anglais). Le but était de démontrer que tous les consommateurs avaient dans leurs urines des quantités de glyphosate. Elles ont lancé des campagnes de prélèvement ; 176 « pisseries » dans 63 départements ont récolté 6848 échantillons (6796 analysés) et 5300 plaintes déposées. Chaque participant a déboursé 90€ pour l’analyse d’urine et 135€ dépôt de plainte compris ( dont 5€ de cotisation).

Les résultats sont spectaculaires :

Des affirmations qui sont contredites

Ces analyses ont été confiées au laboratoire allemand BIOCHECK selon la méthode Elisa. On s’est aperçu que laboratoire a été cofondé en 1997 par Monika KRÜGER, vétérinaire de formation, bien connue comme anti-glyphosate.

Les résultats de ce laboratoire interpellent :

La totalité des échantillons analysés par BIOCHECK sont positifs, et les donneurs d’ordre notoirement positionnés comme écologistes. Les analyses effectuées par les autres laboratoires sont radicalement plus disparates, pour des donneurs d’ordre émanant d’organismes officiels. Devant autant de présomptions d’orientation de la communication, les agriculteurs insidieusement visés en culpabilisation par cette campagne ont décidé de réagir. Ainsi, en 2019 dix agriculteurs du Morbihan et un riverain ont fait réaliser, sous contrôle d'huissier, une analyse croisée de leurs urines. Le 7 novembre, les cobayes ont prélevé simultanément deux échantillons des urines du matin, qui ont été envoyés, par huissier et selon le protocole exigé, l'un au laboratoire allemand BioCheck, situé à Leipzig et qui a réalisé l'ensemble des analyses des « pisseurs volontaires », l'autre au laboratoire Labocea de Brest, un laboratoire public dont le service des micropolluants organiques est accrédité par le Cofrac (Comité français d'accréditation), gage de rigueur scientifique.

Les résultats sont édifiants (1) ;

Un agriculteur de la Vienne a suivi le même process. Il a cotisé à Nous Voulons des Coquelicots pour faire analyser son urine, et dans le même temps confié au CHU de Limoges des échantillons de son urine et son sang pour des recherches de présence de glyphosate. Il a reçu du laboratoire Biocheck des résultats en langue allemande mentionnant une présence de glyphosate de 0,84 ng/ml (=0,84µ/L). Par contre, les échantillons confiés au CHU de Limoges étaient en dessous des seuils de détection. Cet agriculteur a d’ailleurs déposé 2 plaintes auprès du procureur de la république de Poitiers. Son action est exemplaire, car elle vise à dénoncer cette médiatisation mensongère d’activistes écologistes qui veulent interdire à l’agriculture d’utiliser des produits dont le bénéfice/risque est largement positif. Il est étonnant que les syndicats agricoles n’aient pas suivi l’exemple de ces agriculteurs et poursuivi en justice ces associations pour manipulations tendancieuses de l’information dont les conséquences se traduisent par un dénigrement des agriculteurs. Un nombre grandissant d’entre eux se voient invectivés, agressés jusque dans leurs champs et leurs fermes, leurs matériels détériorés au prétexte qu’ils emploient ce que les écologistes appellent des pesticides, mais qui ne sont que les médicaments des plantes et des animaux, homologués par les pouvoirs publics avec la même rigueur que les médicaments pour les humains. Pourquoi les écologistes ne s’attaquent-ils pas à l’usage des médicaments dont la quantité annuelle utilisée est supérieure à celle des phytosanitaires agricoles ?

Il faut noter que Générations Futures, dans un rapport du 17 juin 2000, reconnaissait que le Glyphosate n’était ni cancérogène, ni mutagène ni reprotoxique (CMR), ni suspecté perturbateur endocrinien :

Copie d’écran de la page 6 du rapport

Le glyphosate, un acteur majeur de l’économie moderne.

Les écologistes veulent par tous les moyens (voire mensongers et manipulateurs comme ci-dessus) ramener l’agriculture française à des pratiques du 19ème siècle. Cependant, en un peu plus d’un demi-siècle, le nombre d’agriculteurs a diminué des 2/3. Dans le même temps, la part alimentaire dans le budget des ménages a diminué dans les mêmes proportions. Cette évolution a été permise par l’évolution de la mécanisation, de la génétique et de la chimie. Les herbicides ont permis une économie de main-d’œuvre et une augmentation des rendements par la suppression économique et efficace de la concurrence des adventices. Interdire leur emploi aux agriculteurs français les condamnerait à arracher les chardons à la main, et à sarcler les champs à la binette. Cela nécessiterait une main-d’œuvre qui n’existe plus et qui même n’accepterait plus ce travail pénible et fastidieux. En témoigne ce fraisiculteur lot-et-garonnais qui proposait en février 2021 cinquante CDI de cueilleurs dans une serre ultra-moderne qui sont restés sans réponse.

L’avenir de notre indépendance alimentaire

La lutte incessante des écologistes et environnementalistes pour obliger tous les agriculteurs français à se convertir à l’agriculture biologique (comme celle du 19ème siècle) comporte des dangers évidents :
  • La diminution drastique des rendements et la protection aléatoire des productions face à la concurrence des adventices, des maladies et des ravageurs,
  • Une augmentation des prix alimentaires due à cette baisse de productions,
  • La perte de compétitivité face à l’importation de produits qui ne respectent pas les règles que les écologistes imposent à nos producteurs, mais qu’ils ne combattent ni ne dénoncent,
  • une aggravation de la diminution du nombre de paysans par diminution de la rentabilité des entreprises,
  • L’aggravation du déficit de la balance commerciale des produits agricoles et la fin dangereuse de notre indépendance alimentaire,
  • La désertification des campagnes : l’entretien des espaces ruraux ne peut perdurer face à la raréfaction des agriculteurs.
 

Il est d’importance capitale que l’information sur tous les sujets, qui concernent directement ou indirectement tous les citoyens, soit médiatiquement traitée en toute transparence et objectivité dans l’intérêt commun.

(1) https://www.lepoint.fr/societe/preuve-a-l-appui-les-glyphotests-sont-bidon-19-12-2019-2354140_23.php 

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