Il est souvent prétendu que l'agriculture contribue au changement climatique, en étant responsable de 24% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Mais il ne s'agit là que d'un bilan à charge contre l'agriculture car seules les émissions sont comptabilisées et la captation de carbone est complètement omise. Or, en captant du CO2, les agriculteurs rendent un service à l'environnement qui pourrait être rémunéré.

Une valeur de 44,60 €/t de CO2

Certains pays participant au protocole de Kyoto ont instauré le principe d’une taxe sur les émissions de CO2 pour inciter à diminuer la consommation d’énergies fossiles.

Initialement fixée en 2014 à 7 € la tonne de CO2, l’article premier de la loi sur la transition énergétique (1) pour une croissance verte trace une trajectoire croissante de cette taxe censée atteindre une valeur de 30,50 € en 2017, 39 € en 2018, 47,5 € en 2019, 56 € en 2020 et 100 € en 2030. À ce jour et après la crise des gilets jaunes, la taxe carbone s'élève à 44,60 €/t de CO2.

Le montant de ces taxes est, en principe, affecté à des actions censées diminuer la production de gaz à effet de serre, sans qu’il soit réellement possible d’en vérifier la destination. Une autre disposition est prévue pour dispenser le paiement de ces taxes : l’achat de crédit carbone dont le produit doit être affecté à la même destination précitée. Il faut enfin relever que des subventions sont accordées pour aider des investissements destinés à économiser l’énergie (isolation des logements, véhicules électriques, etc..).

1 ha de maïs présente un bilan positif (captation > émissions) de 22 t/an de CO2

Il existe cependant un phénomène naturel qui découle du crédit carbone : la plantation d’arbres et de forêts qui captent le CO2 et rejettent de l’oxygène par la seule action de la photosynthèse, de l’eau et du soleil. Ce principe est le plus écologique et renouvelable à l’infini.

Si le principe du pollueur-payeur est la base du principe de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES), et qu’il est convenu d’aider à limiter leur création, il paraît tout aussi évident que toute action qui diminue leur concentration soit encouragée par une rémunération ad hoc.

Ainsi, les agriculteurs, qui renouvellent chaque année des cultures qui captent le CO2 et rejettent de l’oxygène doivent être rémunérés pour le service qu’ils rendent aux populations en purifiant l’air sur la base de leur bilan carbone : CO2 capté - CO2 émis.

Bilan effet de serre

Ces calculs sont à affiner, mais on peut avoir une approche objective en comparant les éléments suivants.

On estime l’émission dans une ferme type à environ 2 tonnes de CO2 par hectare (tous intrants confondus). (2)

Le maïs est une pompe à carbone particulièrement efficace (3) : ainsi, dans les conditions de production françaises, pour un rendement maïs de 9,5 t/ha, le solde net de captation est de 22 tonnes d’équivalent CO2/ha/an (Arvalis, 2015).

Dans le même temps, comme la fixation du carbone et la production d’oxygène vont de pair dans le processus de la photosynthèse, un hectare de maïs produit aussi 10 tonnes d'O2 par an. Mais la contribution la plus spectaculaire du maïs à l’atténuation des GES est sa capacité à « séquestrer » le carbone dans les sols : pour chaque tonne de grain exportée, une tonne de biomasse est restituée, sous forme de résidus de culture aériens et racinaires. Au final, on estime que la plante maïs permet de stocker à long terme dans le sol 2,2 tonnes équivalent CO2 par hectare et par an.

De même, 1 hectare de betteraves fixe environ 40 tonnes de CO2 contre seulement 2,3 tonnes émises pour sa culture. (4)

Graphique EQF photosynthèse

Un service rendu méritant une juste rémunération : 980 €/ha/an pour du maïs

Quand 1 hectare de maïs produit 4 fois plus d’oxygène qu’un hectare de forêt et absorbe 4 fois plus de gaz carbonique (5), il est évident que le travail des agriculteurs contribue considérablement et positivement à la lutte contre l’effet de serre et bénéficie à l’ensemble de la population.

Cette action mérite une juste et équitable rémunération qui ne peut être refusée par la collectivité.

Un hectare de maïs fixant 22 tonnes de CO2 multipliés par les 44,60 €/t de taxe carbone donneraient un paiement pour service rendu de 980 €/ha/an.

Armand PAQUEREAU

Notes :

  1. https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/fiscalite-carbone
  2. http://www.architecturesagricultures.fr/_pdf/outils_du_projet/approche_environnementale/AgricultureEffetDeSerre.pdf
  3. http://www.maizeurop.com/wp-content/uploads/2016/09/MAIZINFO54_FR.pdf
  4. http://www.cgb-france.fr/wp-content/uploads/2015/12/Brochure-finale-Env-nov-2015.pdf
  5. https://www.agro.basf.fr/agroportal/fr/fr/cultures/inv_le_mais/basf_et_la_filiere_mais/chiffres_Filiere_mais.html

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