Décidément, tous les arguments sont bons pour incriminer l’agriculture : les épandages agricoles seraient des vecteurs de la diffusion du Covid-19 !

Certains écologistes expliquent que les particules fines dispersées par ces épandages seraient autant de vecteurs auxquels s’accrocheraient les virus pour être transportés vers d’autres cibles. On avait déjà observé de telles insinuations lors des pics de pollution : ces pics, généralement concentrés au-dessus des grandes agglomérations urbaines seraient aggravés par les émissions d’ammoniac (engrais et élevage) qui viendraient se combiner aux particules fines issues du chauffage, de l’industrie et des transports. Reporterre affirme ainsi : « Pour résumer, il y a une convergence de polluants qui, en l’absence de vent et de pluie, se combine avec le rejet d’ammoniac issu de l’agriculture. C’est pourquoi Airparif parle de pollution printanière. »

Comment les émanations agricoles peuvent-elles parcourir, selon ces affirmations, des distances si conséquentes pour se concentrer au-dessus des villes ?

En janvier 2020, les pics de pollution dans différentes régions ne pouvaient être incriminés aux épandages agricoles, les tracteurs étant à l’arrêt sous les hangars.

Dans son référé auprès du Conseil d’État, le collectif Air-Santé-Climat interpellait l’État sur « la nécessité de limiter drastiquement les épandages agricoles, afin de tout mettre en œuvre pour limiter la propagation du virus ». Il s’appuie sur une étude italienne dont les « spécialistes ont conclu que la causalité de propagation du virus par les particules fines restait à prouver ». Il s’appuie aussi sur une étude américaine qui corrèle la mortalité due au Covid-19 à la concentration de particules fines générée en grande partie par la combustion de carburant des voitures, des raffineries et des centrales électriques. Mais il est évident que cette concentration correspond aussi à la concentration des individus qui favorise la transmission par contagiosité, et par conséquent un taux de mortalité supérieur.

La corrélation entre les épandages agricoles et la transmission du Covid19 est évidemment loin d’être démontrée.

Cette nouvelle attaque contre les épandages agricoles change de dimension. Alors que les exigences se focalisaient sur les distances de retrait relativement au voisinage, il est maintenant question de limitation globale des épandages. Dans un contexte où la désorganisation de l’approvisionnement alimentaire par la gestion de la pandémie commence à poser des risques de pénurie alimentaire, ces limitations drastiques des épandages agricoles, aussi bien de fertilisants comme de produits de protection des cultures, si elles devenaient effectives, auraient un impact négatif catastrophique sur la production future de denrées alimentaires.

Armand Paquereau

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