Mercredi 18 mars le Conseil de l'Union européenne réunissait à Bruxelles les ministres de l'Agriculture européens pour discuter de la réforme de la Politique agricole commune.

Alors que les technocrates bruxellois discutent de comment donner plus de flexibilité aux États membres, avec notamment les plans stratégiques nationaux, la Coordination Rurale met en garde sur les conséquences d’une telle orientation qui renforcera la concurrence déloyale. Aujourd’hui déjà, la concurrence déloyale entre pays européens n'est plus cantonnée à de rares exceptions et vient s'ajouter au dumping exercé par les produits d'importation, faute de barrières douanières.

Cette réalité européenne est faite non seulement de la précarité de bon nombre d'agriculteurs mais aussi de crises à répétition dans le secteur du lait, du porc, du sucre (voir nos articles sur la fermeture de St Louis Sucre)... Des crises issues de la dérégulation dictée par l'OMC, à laquelle seule l'Europe n'arrive pas à s'opposer.

Si les instances bruxelloises regardaient la réalité internationale, elles verraient que les autres puissances agricoles prennent conscience de la volatilité des marchés agricoles et que pour y remédier elles ne se contentent pas de proposer des systèmes assurantiels coûteux. Des pays tels que le Brésil, la Chine, l'Inde, les États-Unis ont bien compris l'importance stratégique et vitale de l'agriculture et allouent à la politique agricole un budget plus important en protégeant leur agriculture.

Les droits de douane, les prix supérieurs aux coûts de production, l'organisation des productions, le stockage public et tous les autres outils permettant d'organiser efficacement les marchés ne sont pas des outils d'un passé lointain qu'il faudrait se garder de remettre en pratique. Au contraire, ce sont les outils que la Coordination Rurale réclame depuis toujours et qui devraient figurer dans ces négociations, au titre de l'exception Agriculturelle. C'est la seule réponse moderne à la sauvagerie de la "loi du marché" qui détruit les agricultures qui s'y soumettent et qui est indigne d'un monde qui se veut civilisé.

L'accord définitif du Conseil de l'UE sera probablement reporté après les élections européennes de mai 2019 et la CR espère que les nouveaux représentants issus de cette consultation électorale sauront redéfinir les termes du débat pour proposer une réforme plus cohérente et incisive. L’objectif étant de refaire de la PAC une politique ambitieuse basée sur les règles agronomiques assurant la souveraineté alimentaire au sein d'une Europe unie.

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