Jeudi 8 décembre 2016, Michel Le Pape et Philippe Ribault, respectivement présidents de la Coordination Rurale d’Indre-et-Loire et de la CR Centre-Val de France ont chaleureusement accueilli les 700 agriculteurs rassemblés pour notre XXIIIe Congrès organisé au Palais des Congrès-Vinci de Tours (37).

Michel Le Pape a présenté, non sans quelques petites bribes d’humour, l’histoire de la région et du syndicalisme agricole départemental. Philippe Ribault a souligné l’importance de la région Centre-Val de Loire dans l’agriculture française en mettant l’accent sur sa diversité. Il a rappelé que la CR de la région avait été très active, particulièrement ces derniers mois. Vincent Louault, conseiller départemental d’Indre-et-Loire en charge de l’Agriculture, a quant à lui livré un discours sans concession fortement applaudi. Il est vrai que nous n’avons pas l’habitude d’entendre ainsi des élus politiques parler d’agriculture avec autant de bon sens et de réalisme, bien loin des dogmes ultralibéraux si souvent mis en avant.

Sylvie Brunel : « Face aux nouveaux risques, l’agriculture n’est pas le problème, elle est la solution. »

La célèbre géographe a commencé par rappeler l’importance de l’agriculture dans notre société et par là-même l’impérieuse nécessité de rendre à l’agriculture la reconnaissance de son travail pour la société. Remettant en perspective les idées en vogue (agriculture biologique, utilisation de produits phytosanitaires, mouvements animalistes, etc.), elle a appelé à garder la tête froide face à ce qu’elle qualifie comme étant « l’industrie de la peur ». Pour elle, l’agriculture reste bel et bien un secteur d’avenir : celui qui nous permettra d’assurer l’indépendance alimentaire et de préserver la qualité des territoires. Elle a encore souligné l’incohérence entre la volonté croissante d’avoir une agriculture toujours meilleure et la tendance ordinaire à tirer toujours davantage les prix vers le plus bas.

Jean-Pierre Digard : « Il ne faut pas craindre d’ouvrir les portes des élevages pour montrer la réalité. »

Analysant les évolutions historiques du rapport entre les Hommes et les autres espèces animales, l’anthropologue Jean-Pierre Digard a répliqué point par point aux discours des causes animalistes extrémistes. Anthropomorphisme, assimilation simpliste des comportements des animaux domestiques à celui de l’ensemble des animaux ou encore ambiguïtés autour de la définition même de la notion fourre-tout de bien-être animal, Jean-Pierre Digard a dénoncé l’incompétence de certains mouvements qui, en confondant les différences entre les animaux, trompent les citoyens par des associations d’idées totalement fallacieuses et très éloignées des réalités. Rappelant que dans les hôpitaux et maisons de soins, personne ne parle de « bien-être » mais de « bientraitance », il a assuré à l’assistance que le travail effectué par les éleveurs en France était d’une grande qualité et qu’il n’y avait pas lieu de craindre « d’ouvrir les portes des élevages pour montrer la réalité ».

Xavier Hollandts : « Certaines coopératives ne sont pas à la hauteur des problématiques des paysans »

Exemples concrets à l’appui, Xavier Hollandts a piqué où ça fait mal : « Comment peut-on avoir des coopératives qui ont de plus en plus d’argent et des agriculteurs qui ont du mal à vivre de leur métier ? » Ce professeur de stratégie à la Kedge Business School, constatait non sans amertume que « certaines coopératives pas à la hauteur des problématiques des paysans ». Il a critiqué cette approche consistant à pousser les agriculteurs à investir et à s’endetter pour remédier à un supposé manque de compétitivité. « Les agriculteurs n’ont jamais été aussi compétitifs et paradoxalement, ils n’ont jamais été autant en difficulté », a-t-il rappelé. Xavier Hollandts est parvenu à captiver l’attention du public en présentant un travail fourni et de grande qualité réalisé avec un de ses collègues, Bertrand Valiorgues, sur la gouvernance des coopératives. Selon lui, le développement de la coopérative doit avant tout servir les intérêts des agriculteurs. Ce que le dossier du n°2 de 100 % agriculteurs expliquait également...

En route vers 2019 !

Dans son discours de clôture, la nouvelle secrétaire générale de la CR, Véronique Le Floc’h, a tenu à remercier les agriculteurs pour la confiance qui lui était accordée, et a indiqué vouloir poursuivre l’œuvre de Catherine Laillé qui occupait le poste jusqu’alors. Elle a félicité les agriculteurs pour leur combat quotidien qui a abouti à une progression constante des idées de la CR, aujourd’hui reprises dans des propositions de loi, des propositions de résolution, des tribunes en faveur de l’exception agriculturelle… même si la CR n’est jamais citée en tant que telle. Profondément optimiste et obstinée, elle a appelé chacun à continuer la mobilisation pour défendre et promouvoir ces idées. Bernard Lannes Il revenait à Bernard Lannes, réélu la veille à la présidence du syndicat, de clore ce XXIIIe congrès. Après un bilan de l’année 2016 que chacun a en mémoire, il s’est félicité que la régulation prônée depuis belle lurette par la Coordination Rurale soit enfin sur le devant de la scène et ait fait son bonhomme de chemin, y compris chez des chantres de l’ultra-libéralisme. Il a également appelé les responsables politiques nationaux et européens à changer de logiciel pour protéger le marché agricole européen et instaurer de réels outils de régulation, avec un objectif stratégique majeur : l’autonomie alimentaire. Il a enfin souligné à quel point cette crise majeure replaçait le syndicalisme dans la défense du métier d’agriculteur. Un grand merci à tous ceux qui ont œuvré plusieurs mois durant pour la réussite de ce XXIIIe congrès. Qu’ils soient assurés qu’il restera longtemps dans toutes les mémoires.

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