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Monsieur le Président de la République,
Vous aviez rempli d’espoir les agriculteurs lorsque vous aviez déclaré au Space, en septembre 2007 : « Premièrement, il faut que nos agriculteurs puissent vivre des prix de leurs produits, de leur production et de leur travail, par une véritable politique communautaire de stabilisation des marchés. »


Vous aviez ajouté également : « La PAC telle qu’elle existe aujourd’hui ne peut répondre aux défis de l’après 2013. Et ce n’est pas une discussion technique, dans le cadre du bilan de santé de la PAC, sur les fameux « droits à paiement unique », le « découplage » ou la « modulation » des aides qui permettra de répondre à ces objectifs. A force de truffer la politique agricole commune de termes incompréhensibles, plus personne n’y portera d’ambitions. Sans qu’elle signifie un rejet du passé la refondation est indispensable pour rendre une véritable légitimité à cette politique. »

La grande majorité des agriculteurs attendait donc beaucoup de la Présidence française de l’Union européenne car ils se retrouvaient totalement dans vos propos ! Bien entendu, ils n’étaient pas naïfs au point de croire que tout serait réglé en 6 mois, mais ils pensaient qu’on allait enfin mettre fin aux expédients et redéfinir un cap pour une PAC durable et légitime.

Malheureusement, le bilan de santé a été une nouvelle occasion manquée de remettre la PAC sur les bons rails. Au contraire, la réforme en cours entérine la disparition des derniers instruments de régulation et un rééquilibrage démagogique des aides qui ne règlera rien et qui évite surtout de traiter les problèmes de fond.

Monsieur le Président, les agriculteurs demandent une réorientation de la PAC et non une réorientation des aides. La réforme proposée est détestable et dangereuse.
Détestable, car les aides vont être confisquées par les filières comme à chaque fois depuis 1992 et ne donneront pas de vraies perspectives aux éleveurs. Nous refusons d’aggraver les difficultés des producteurs de grains, alors que leurs prix sont en chute libre, sans pour autant régler les problèmes des éleveurs.
Dangereuse, car elle crée une division entre les céréaliers et les éleveurs, alors que les agriculteurs doivent rester unis pour remplir leur mission commune de nourrir la population.

Les agriculteurs attendent une véritable rupture avec l’orientation libérale prise par la PAC depuis 1992. L’erreur majeure et historique a été de baisser les prix à la production, afin d’être compétitifs sur le marché mondial, et de mettre en œuvre un système d’aides soi-disant compensatoires.

Ces aides sont une grave atteinte à la dignité des agriculteurs. Pourquoi n’auraient-ils pas le droit de vivre dignement de leur métier, grâce à des prix rémunérateurs ?

Le problème n’est pas seulement économique, il est également moral. Affaiblis économiquement par la très grande volatilité des prix qui ne leur donne plus de vision à long terme, les agriculteurs sont devenus vulnérables. Ils le sont d’autant plus qu’ils sont maintenant la cible de nombreuses attaques contre leur métier ce qui les affecte profondément sur le plan moral.

Les aides ont par ailleurs enclenché des contraintes qui se sont accumulées sur le dos des agriculteurs depuis 1992. En 2009, ils vont subir de nouveaux contrôles obligatoires de leurs pulvérisateurs et ils se verront bientôt imposer un invraisemblable « permis de traiter » !

Cette évolution n’est pas inéluctable et les agriculteurs attendent maintenant des décisions qui leur donneront des perspectives d’avenir.

Ils demandent une organisation régulée des productions et des marchés au niveau européen, seule susceptible de réorienter la PAC vers une politique de prix rémunérateurs. Articulée sur la préférence communautaire, cette politique redonnera leur dignité aux agriculteurs et elle aura le double mérite d’être plus efficace et moins coûteuse.

Devant les enjeux considérables auxquels nous devons faire face pour nourrir durablement l’humanité, les agriculteurs demandent également que la France propose à la communauté internationale de décréter l’exception agriculturelle, afin que les questions agricoles ne soient plus du ressort de l’OMC.

Monsieur le Président, les agriculteurs attendent de vous que vous mettiez en œuvre votre programme de campagne, annoncé notamment à la Baule puis présenté au Space à Rennes. Ils veulent une politique agricole simple et lisible, qui soit un contrat juste entre eux et la société. Ils attendent une bonne PAC qui sera de nouveau le puissant ciment dont l’Europe a tant besoin.

Monsieur le Président, les agriculteurs comptent sur vous.


François Lucas
Président de la Coordination Rurale
Union Nationale


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