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Madame la Députée, Monsieur le Député,

L’Union européenne a signé un accord multilatéral de libre-échange avec six pays d’Amérique centrale lors du sixième sommet UE-Amérique latine, qui s’est tenu le 18 mai à Madrid. De plus, il a été décidé « de relancer dès la première semaine de juillet les négociations » entre l’UE et le Mercosur.

Alors que nombre d’Etats membres, dont la France, y sont formellement opposés et que son mandat de 1999 interdit à la Commission de conclure un accord avant la fin du cycle de Doha, sa décision de relancer les négociations entre l’UE et le Mercosur relève de l’arrogance et de l’aveuglement. Persister dans l’idéologie du libre échange constitue un grave danger pour l’avenir de la communauté des peuples européens.

Notre ministre de l’agriculture, M. Le Maire, a récemment évoqué l'inquiétude d'une grande partie des membres de l’UE pour leur agriculture : "Nous avons réussi à réunir 15 Etats membres qui sont opposés à la reprise des négociations entre l'Union européenne et le Mercosur", a-t-il déclaré.

Nous considérons qu’il serait irresponsable d’accorder de nouvelles concessions à ces pays car cela aggraverait la situation déjà catastrophique de notre agriculture - en particulier de l’élevage porcin, avicole et bovin - et provoquerait une nouvelle saignée dans les emplois du secteur productif. Selon le ministère de l’Agriculture, cet accord de libre-échange entraînerait une hausse des importations en provenance d'Amérique du Sud : + 70% pour les importations de viande bovine, et + 25% pour les importations de volailles. Le coût pour l’agriculture européenne pourrait atteindre 13 M€ par an.

Les conséquences d’un tel accord ouvrant nos frontières aux importations de viande d’Amérique du Sud seraient également catastrophiques en matière d’occupation du territoire, avec le risque certain d’un abandon de l’exploitation des prairies naturelles. Dans la mesure où celles-ci ne peuvent désormais plus être retournées pour être reconverties, il s’ensuivrait un grave exode rural dans les régions où seul l’élevage permet de maintenir une présence de population.

La nature même de nos régions européennes comparée aux vastes espaces de ces pays tout comme les différences de normes sociales et environnementales rendent toute compétitivité impossible et nous vous demandons de vous opposer à toute idée d’accord avec le Mercosur afin de ne pas compromettre la réorientation indispensable de la PAC qui ne peut plus être qu’un simple ajustement à la seule logique des avantages comparatifs.

Le XXIème siècle nous apprend que les défis du développement durable et de la pénurie en carbone ne peuvent être relevés par le seul développement à outrance des échanges internationaux, en particulier en matière de produits agricoles, intimement liés au cycle de la biologie, de nature totalement différente des grandes théories économiques basées sur la dérégulation des échanges.

Certains de l’attention que vous porterez à notre demande, nous vous prions de bien vouloir agréer, Madame la Députée, Monsieur le Député, l’expression de notre haute considération.

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François Lucas

Président de la Coordination Rurale

Jean-Marie Lethielleux
Président de la section Viande bovine de la Coordination Rurale

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